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A l’opéra de Nice
Nice : “La Bohème“

Accueil mitigé pour cette production de La Bohème, entre déception et satisfaction.

Article mis en ligne le septembre 2008
dernière modification le 19 septembre 2008

par François JESTIN

Reprise de la production créée à Nice en 2002, qui situe l’action dans le Paris de mai 1968. Ces représentations coïncident cette fois précisément avec le 40ème
anniversaire des événements.

Dès avant l’entame de la représentation, le poste de télévision posé devant le rideau donne le ton. En projetant des images en noir et blanc des défilés, barricades et émeutes, le spectateur est prévenu de la relecture
« mai 1968 » imaginée par Daniel Benoin, qui fonctionne correctement dans l’ensemble, mais n’apporte pas non plus de trouvailles géniales. Les actes I et IV proposent un appartement des bohèmes somme toute assez classique, ne serait-ce la collection presque intégrale des affiches révolutionnaires de l’époque (« Elections, piège à cons », « La voix de son maître », …). L’acte II se déroule dans une salle de spectacle ou de meeting, un peu déprimante ; heureusement l’ambiance hippie, pétards et amour libre, détend l’atmosphère, et l’action se conclut avec les soldats en costumes et masques de Mao, agitant des drapeaux rouges. Le démarrage du III est quelque peu chahuté par le public, des huées accueillant les CRS qui montent sur le plateau, à partir de la salle, alors que les décors figurent un bidonville, comme il en existait dans les années 1960 du côté de Nanterre.

« La Bohème », avec Susanna Branchini (Mimi) et Carlos Cosias (Rodolfo)
© Opéra de Nice

Côté voix, une déception et une belle satisfaction : Susanna Branchini (Mimi) est un grand soprano, mais qui ne sait pas alléger son volume (en particulier son air d’entrée au 1er acte), et malgré son timbre riche, on note aussi quelques pertes de musicalité, et un vibrato déjà trop présent. Le ténor espagnol Carlos Cosias (Rodolfo) est en revanche une révélation : timbre ensoleillé, qui pourrait parfaitement convenir à un répertoire de pur belcanto, voix solide et aigus qui projettent puissamment. Les autres protagonistes sont bien en place vocalement, et en situation scéniquement, mais ne brûlent pas les planches : Donata D’Annunzio Lombardi (Musetta), Marc Barrard (Marcello), Paolo Bordogna (Schaunard), Nicolas Courjal (Colline).
Marco Guidarini, directeur musical de l’Opéra de Nice, est à son meilleur dans cette partition : beaucoup de délicatesse pour les passages intimes, de ressort dans les ensembles, et une excellente maîtrise des masses chorales – adultes et enfants – sur scène.

François Jestin

Puccini : LA BOHEME : le 25 mai 2008 à l’Opéra de Nice