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Opéra de Nice
Nice : “Elektra“

Une production saisissante !

Article mis en ligne le 1er juillet 2011
dernière modification le 21 janvier 2014

par François JESTIN

Magistrale Elektra à l’Opéra de Nice, qui vient conclure une splendide saison lyrique.

On peut sans trop de doutes pronostiquer que cette saison 2010-2011 sera à marquer d’une pierre blanche. C’est en effet Alain Lanceron, directeur archi-compétent d’EMI Classics France et Virgin Classics, qui l’avait programmée, en tant que Directeur artistique de l’Opéra de Nice. Mais celui-ci n’a pas été reconduit à son poste, décision incompréhensible peut-être issue d’une improbable salade niçoise… Pour revenir à Elektra, le premier coup d’œil sur la production de Jonathan Kent, qui arrive du théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg, est saisissant. Les décors de Paul Brown semblent entrer « au chausse-pieds » sur toute la hauteur du cadre de scène niçois. A l’étage un riche palais ou intérieur bourgeois dans l’esthétique viennoise du début XXème siècle, et au sous-sol – en rez de plateau pour les spectateurs – l’antre d’Elektra, à mi-chemin entre favela et décharge publique. Elektra, crasseuse à souhait dans son pantalon de survêtement rouge, visionne sur un drap blanc les diapositives des temps heureux, où apparaît son cher papa Agamemnon.

« Elektra » avec Larissa Gogolevskaia (Elektra) et Ewa Podles (Klytämnestra) à l’étage
© D. Jaussein

Clytemnestre descendra en riche manteau de fourrure dans le capharnaüm d’Elektra pour la consulter sur ses mauvais rêves, et c’est après avoir enfilé la veste d’Agamemnon que celle-ci dansera jusqu’à la mort, au final. La direction musicale du jeune Michael Güttler est magistrale, puissante sans être tonitruante, raffinée dans les passages délicats, attentive au plateau, et toujours d’excellent niveau technique ; un nom décidément à suivre. La soprano Larissa Gogolevskaia, distribuée en Elektra, semble commencer prudemment la représentation, puis prend place avec une extrême générosité vocale dans le rôle : aigus vaillants en pleine voix, et grave toujours bien timbré, audible et expressif. On attendait avec délectation Ewa Podles (Klytämnestra), qui ne déçoit pas nos attentes, surtout qu’elle paraît attentive à ne pas trop en faire et basculer dans une vulgarité excessive du personnage. Manuela Uhl est une Chrysothémis plus volumineuse et sans doute moins cristalline, moins aérienne que les habituelles titulaires du rôle, mais elle accomplit parfaitement sa tâche, aux côtés du baryton-basse Vadim Kravetz (Orest), qui projette vaillamment, et du ténor Donald Litaker (Âgisth).
Comme souvent dans Elektra, les éventuelles petites faiblesses seraient à rechercher du côté des rôles secondaires – il est vrai par exemple que le torrent de décibels d’Isabelle Vernet écrase vocalement l’ensemble des servantes – mais ne boudons pas notre plaisir ; quand pourrons-nous réécouter du Richard Strauss de cette qualité à l’Opéra de Nice ?

François Jestin

Strauss : ELEKTRA : le 22 mai 2011 à l’Opéra de Nice