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Opéra de Nice
Nice : “A Midsummer Night’s Dream“

L’Opéra de Nice fait entrer au répertoire d’une des œuvres majeures de Benjamin Britten.

Article mis en ligne le juillet 2008
dernière modification le 31 juillet 2008

par François JESTIN

Belle entrée au répertoire de l’Opéra de Nice d’une des œuvres majeures de Benjamin Britten, compositeur rarement représenté dans les théâtres du sud de la France.

Paul-Emile Fourny, Directeur de l’Opéra de Nice, signe ici une de ses plus belles réalisations, en coproduction avec le Teatro Colon de Buenos-Aires, qui a assuré la première série de représentations en 2006.

Les trois plans de l’œuvre sont finement caractérisés, en commençant par une ambiance onirique pour les Dieux, avec fumée, costumes étincelants, riches jeux de lumières (éclairages de Patrick Méeüs, et un magnifique ciel étoilé à l’acte I), gestes lents et hiératiques. Les deux couples d’amoureux ensuite, en tenue de ville, courent sur scène et sont crédibles et naturels dans leur jeu. Les artisans enfin tirent vers le comique troupier, mais quasiment sans vulgarité, lors des répétitions de leur pièce de théâtre. La brique élémentaire des décors de Louis Désiré, responsable également des costumes, est la chaise de velours rouge opéra.

« A Midsummer Night’s Dream » avec Fabrice di Falco (Obéron) et Mélanie Boisvert (Tytania)
© Opéra de Nice

Le rideau s’ouvre sur une montagne de chaises enchevêtrées, au sommet de laquelle paraît Obéron ; Tytania s’endormira plus tard à mi-hauteur. A l’acte III, les chaises sont alignées dans un jardin (Puck passe une tondeuse mécanique pendant l’ouverture), pour assister au spectacle monté par les artisans, dans le cadre des épousailles de Thésée et Hyppolyte. Vocalement, le contre-ténor Fabrice di Falco (Obéron) est une révélation : beau timbre, musical, sans problème de volume, avec de remarquables passages en voix de poitrine. La piquante Mélanie Boisvert est moins impériale en Tytania, tandis que Scott Emerson est parfait dans le rôle parlé de Puck, ainsi que Paul Gay (Theseus) et Mary Ann Stewart (Hippolyta), dans leur courte apparition à l’acte III.

La nationalité argentine domine le reste de la distribution, à hauteur de 75% pour les deux couples d’amoureux : Mariana Rewerski (Hermia) et Jonathan Boyd (Lysander) font très belle impression, tandis que Graciela Oddone (Helena) et Luciano Garay (Demetrius) sont plus instables et à court de graves. Les six artisans sont impayables, avec le vétéran Ricardo Casinelli (Flute) sans doute à la limite de la grivoiserie excessivement grasse.

La direction musicale, confiée à Arthur Fagen, est de haute qualité, avec des solistes impeccables de bout en bout, mais sans atteindre à la magie. L’alchimie de la musique de Britten est certainement complexe, mais le choix par exemple de jouer piano les premières mesures ne contribue pas à l’envoûtement initial des spectateurs. Il n’y a en revanche que des éloges à adresser aux chœurs d’enfants de l’Opéra de Nice : un beau son homogène, et les pièges rythmiques de la partition sont évités.

François Jestin

Britten : A MIDSUMMER NIGHT’S DREAM : le 27 avril 2008 à l’Opéra de Nice