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Opéra de Montpellier
Montpellier : “Semiramide“
Article mis en ligne le février 2011
dernière modification le 18 février 2011

par François JESTIN

Rien d’extraordinaire dans cette Semiramide montpelliéraine, mais un spectacle cohérent et une distribution qui donne le meilleur d’elle-même ; ce n’est déjà pas si mal !

La bonne tenue générale de la soirée est d’abord à mettre sur le compte du chef Antonino Fogliani, qui dirige avec justesse et une énergie vigoureuse, au risque de se laisser déborder par les décibels à plusieurs reprises, et de couvrir les voix sur scène. L’orchestre est de bonne qualité générale, mis à part quelques solistes qui oublient des petites notes dans les passages les plus virtuoses (flûte, piccolo, cor anglais), et les chœurs sont nombreux (Bordeaux et Montpellier) et font preuve de répondant, malgré un manque d’homogénéité en début de représentation.

« Semiramide », avec Simon Orfila (Assur), Varduhi Abrahamyan (Arsace), Laura Aikin (Semiramide) et David Alegret (Idreno)
© Marc Ginot

Après avoir assisté à la formidable performance de Laura Aikin dans le rôle-titre de Lulu à Lyon (voir SM 214 d’avril 2009), il faut avouer qu’on redoutait un peu de l’entendre dans Semiramide, rôle situé à peu près à l’extrême opposé de Lulu en termes de style belcanto, et de souplesse de la voix. Hormis la deuxième partie de son grand air d’entrée « Bel raggio lusinghier », où elle se trouve complètement dépassée par les fioritures de la partition et finit par cocotter douloureusement, la soprano ne s’en sort pas si mal grâce à sa musicalité intelligente et assez intuitive. Varduhi Abrahamyan (Arsace) fait valoir une voix riche, joliment timbrée, ainsi qu’une virtuosité plutôt excitante. Son volume est malheureusement trop mince actuellement dans le medium, même si certains aigus en fin de phrases sont projetés très vaillamment. Mais la faiblesse de la puissance de la jeune mezzo n’est rien comparée à celle de David Alegret (Idreno), tenorino rossinien vers qui il faut tendre l’oreille lorsqu’il ouvre la bouche (son premier air a disparu, seule coupure importante dans la soirée) ; dommage car il est très agile et capable d’extensions impressionnantes. La basse Simon Orfila (Assur) possède au contraire une voix large et un accent autoritaire bienvenu dans le rôle du « méchant », mais la vocalise est par moments légèrement simplifiée (personne n’est parfait !). Le baryton Gezim Myshketa (Oroe) est également stable et sonore, tandis qu’Annika Kaschenz (Azema) est nettement moins convaincante.

La production de Kirsten Harms nous arrive du Deutsche Oper de Berlin, et procède à un franc dépoussiérage de l’œuvre : les grands de ce monde sont conviés à l’annonce du mariage de Semiramide. Assur, cirage au bec, est entouré de quelques gardes du corps, et Arsace semble sortir d’un aéroport en poussant ses bagages sur un trolley. Des rangées de géraniums rouges en pots descendent des cintres pour figurer les jardins suspendus de Babylone, et à noter enfin la présence d’une sorte de deus ex machina, qui règle tous les effets de lumières et fumées (les apparitions de l’Ombra di Nino) à partir de sa console portative.

François Jestin

Rossini : SEMIRAMIDE - le 26 novembre 2010 au Corum de Montpellier