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A l’Opéra Comédie de Montpellier
Montpellier : “Norma“

Une Norma décevante attendait les mélomanes à Montpellier.

Article mis en ligne le septembre 2007
dernière modification le 19 septembre 2008

par François JESTIN

Pas de miracle à l’issue de cette Norma montpelliéraine, dans la production qui nous avait tant déçus à Nice en ouverture de saison (SM 191). Le plateau vocal plutôt décevant n’arrange évidemment pas les choses.

Et pourtant, la mise en scène de Paul-Emile Fourny aurait tendance à s’arranger, … trop modestement toutefois ! Des projections lumineuses de bandes noires et blanches ont été ajoutées en fond de scène, mais celles-ci font un peu papier peint de chambre de pré-adolescent amateur de mangas (quand les bandes sont en position oblique), ou carrément code-barres de supermarché (en vertical). De même, le sacrifice d’une femme, à coup de serpe, pendant le Casta Diva, est beaucoup plus discret qu’à Nice, puisque relégué en arrière du plateau, au sommet du petit rocher. Pour le reste, on retrouve l’intérieur kitsch de chez Norma, et son escalier dégoulinant, ainsi que le décor qui tourne, et tourne encore...

Hasmik Papian (Norma) et Antonio Nagore (Pollione) © Marc Ginot / Opéra National de Montpellier

La direction musicale de Jean-Yves Ossonce est très classique dans le rythme et les nuances, sans surprises, sauf pour les cuivres qui peinent à s’accrocher au rythme par moments, et tirent alors un peu vers la fanfare municipale. Ceci est à équilibrer avec d’autres passages où le son des cordes est somptueux. Après le forfait de Susan Neves, c’est la soprano Hasmik Papian qui enfile l’habit de la prêtresse, mais est-ce bien raisonnable de chanter Norma après sa participation au Nabucco niçois, une semaine auparavant ? Elle entre d’ailleurs en scène très vindicative, et pleine de la fureur d’Abigaille, et démarre ensuite son Casta Diva en tâtonnant un peu dans le réglage de son émission : quelques sons tubés, d’autres dans le nez, et une justesse approximative. Elle s’améliore plus tard, avec une certaine virtuosité, et de très beaux piani, pour ajuster à nouveau sa tonalité à l’attaque de son air final « In mia man alfin tu sei », en se mettant – peu discrètement ! – un doigt dans l’oreille. Pas d’amélioration en revanche pour le ténor Antonio Nagore (Pollione), sa voix faisant penser à un champ de bataille (après la bataille). Ses graves appuyés en entrée évoquent un baryton, mais le ténor est absent : il chante faux, ses aigus sont détimbrés ou accidentés, avec en plus des problèmes de souffle, qui étouffent certaines fins de phrases. A signaler qu’il ne recueille aucun applaudissement à la fin de son air d’entrée. Mention bien pour la mezzo Nancy Fabiola Herrera (Adalgisa), qui sature tout de même rapidement dans l’aigu (suppression d’un aigu dans son premier duo avec Norma), et assez bien pour la basse Enrico Iori (Oroveso), qui chante juste et volumineux, mais dont le timbre n’est pas particulièrement séduisant. Cette Norma à Montpellier doit être considérée comme une faiblesse passagère, et ne pas occulter la qualité des productions cette saison sur les deux scènes de la Comédie et du Corum.

François Jestin

Bellini : NORMA : le 12 juin 2007 à l’Opéra Comédie de Montpellier