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Opéra de Montpellier
Montpellier : “La Favorita“

Avec La Favorita, l’opéra de Montpellier offrait une œuvre assez peu jouée en France.

Article mis en ligne le septembre 2008
dernière modification le 19 septembre 2008

par François JESTIN

Une réalisation … solide comme un roc, bien dans le ton minéral de la salle du Corum de Montpellier, donnée en coproduction avec les Opéras de Barcelone et Madrid.

La Favorita est assez rarement jouée sur les scènes de l’hexagone – tout autant d’ailleurs que La Favorite, version originale en français – et le public est venu en masse pour ces représentations montpelliéraines. Le lever de rideau découvre un rocher massif, dont aucune des faces ne gardera de secrets pour le spectateur à la fin du spectacle. Figurant tour à tour l’entrée du monastère, un quai où accoste le bateau amenant Fernando, puis une plate-forme et un escalier menant au Palais de l’Alcazar, le coup d’œil sur cette montagne miniature est souvent magnifique, sur fond de ciel nuageux, d’un bleu crépusculaire, même si ces décors austères – signés de Jean-Pierre Vergier – rendent une ambiance nettement plus écossaise qu’espagnole.

« La Favorita », avec Béatrice Uria-Monzon (Leonora) et Bülent Bezdüz (Fernando)
© Marc Ginot / Opéra National de Montpellier

Le jeu des acteurs, réglé par “Ariel Garcia Valdès“ est en revanche plutôt convenu et trop statique, à commencer par Béatrice Uria-Monzon, très attendue dans le rôle-titre de Leonora, et qui reste excessivement sobre scéniquement.
L’interprétation est plus crédible vocalement, en usant de son timbre riche et opulent, ceci en dépit de quelques piani à la limite de l’audible. Le ténor Bülent Bezdüz (Fernando) possède une couleur de voix idéalement donizettienne, dont certains accents rappellent singulièrement le Mexicain Ramon Vargas. Après un défaut d’intonation sur son air d’entrée («  Una vergine… »), on apprécie un chant élégant, jeune et bien conduit, d’une puissance cependant bien modeste, qui ne lui permet pas toujours de passer l’orchestre. A noter aussi deux ou trois passages un peu malheureux en voix de tête, lors de montée vers les aigus (« … ognor  ! »). Le baryton Tassis Christoyannis (Alfonso XI) n’appelle que des éloges : voix puissante, superbement timbrée et expressive, une valeur très sûre. La basse beaucoup plus expérimentée Francesco Ellero d’Artegna (Baldassare) est autoritaire malgré son petit zozotement, et il faut aussi signaler Ana Maria Labin (Ines) qui possède tous les atouts d’un talent prometteur (beau timbre, aigus, volume).
On apprécie la direction du chef d’orchestre Enrique Mazzola, qui insuffle relief et dynamique rythmique à l’ouverture de l’ouvrage ; la pulsion donizettienne se perdra parfois par la suite, avec de curieux ralentis, peut-être à la demande de certains chanteurs, ou des chœurs.

François Jestin

Donizetti : LA FAVORITA : le 11 juin 2008 à l’Opéra de Montpellier - Corum