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Montpellier : “La Cenerentola“

Magnifique Kate Aldrich en Cenerentola, dans une mise en scène de Davide Livermore.

Article mis en ligne le février 2008
dernière modification le 5 février 2008

par François JESTIN

Une Cendrillon rossinienne des temps modernes, c’est l’option retenue pour cette production montpelliéraine, pour le plus grand divertissement du public.

Après un Elisir d’Amore très réussi la saison dernière ici même, le metteur en scène italien Davide Livermore fait à nouveau mouche dans La Cenerentola.

Mais alors que son Elisir collait – parfois de manière flagrante – à la production de Laurent Pelly vue à Bastille, Livermore fait preuve cette fois d’originalité, en situant l’action dans une caricature de société de consommation des années 1960 – 1970, avec tout son attirail électroménager.

La Cenerentola
© Marc Ginot / Opéra National de Montpellier

Le spectateur est plongé dans l’univers de la bande dessinée, par le moyen d’animations vidéo (Marco Fantozzi) projetées sur trois écrans en partie haute du décor : l’action est ainsi commentée par quelques bulles humoristiques, dans l’esthétique d’un roman-photos. Les couleurs des décors et costumes (signés par Santi Centineo) sont vives et entières, et les clins d’œil à Andy Warhol et Roy Lichtenstein nombreux.
La mise en scène de ce dramma giocoso est évidemment émaillée de multiples traits d’humour et de gags, souvent très drôles, voire jubilatoires, mais par moments à la limite du trop-plein lorsque les techniques de répétitions ou de comique troupier sont utilisées un peu lourdement.
C’est comme attendu le personnage de Don Magnifico, interprété par Alfonso Antoniozzi – très bon acteur, mais chanteur bien fatigué – qui déclenche les rires les plus francs. Très réjouissantes également sont les deux sœurs Clorinda (Laura Hynes Smith, parfaite dans ce rôle) et Tisbè (Eugénie Danglade). Le chant se gâte – et cela ne fait plus rire – avec l’apparition de Paul Kong (Dandini), complètement en dehors des exigences du chant rossinien. La troisième basse Simon Orfila (Alidoro), bien timbrée, souple et autoritaire, rétablit le niveau, tandis que le ténor Juan José Lopera (Don Ramiro) montre une belle conduite vocale et déploie un volume agréable, mais bute sur certains aigus et des cadences qui le dépassent (il est en perdition dans son aria « Si, ritrovarla io giuro »).
Kate Aldrich dans le rôle-titre est en revanche enthousiasmante : voix égale et racée sur tout le registre, technique sans failles dans les vocalises, brillante sans racoler, elle a tout pour plaire, avec un joli physique de Cendrillon en prime. La direction musicale de Marko Letonja est alerte et déclenche le tourbillon rossinien, les chœurs – masculins – et l’orchestre étant de belle qualité ce soir.

François Jestin

Rossini : LA CENERENTOLA : le 20 novembre 2007 à l’Opéra Comédie de Montpellier