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Opéra de Montpellier
Montpellier : “Faust“

Ambiance garantie pour cette mise en scène du Faust de Gounod.

Article mis en ligne le avril 2009
dernière modification le 24 avril 2009

par François JESTIN

Curieuse représentation, qui démarre comme une véritable entreprise de démolition de l’œuvre, pour proposer un peu plus tard de superbes images inspirées. Ambiance et chahut garantis !

En s’attaquant – car on peut vraiment parler d’attaque – au Faust de Gounod, le metteur en scène René Koering vise certainement à la désacralisation de ce monument de l’opéra français, quitte à passer par la provocation. Dans les décors à tonalité naïve de Virgile Koering, le premier acte commence pourtant avec une belle idée : veillé par deux infirmiers – ou savants fous ? – le bon docteur Faust est enveloppé d’un corps de chenille (costumes de Silver Sentimenti). Point de papillon après métamorphose, mais l’habituel costume flashy du jeune premier.

« Faust », avec Arturo Chacon-Cruz (Faust) et Martin Tzonev (Méphistophélès)
© Marc Ginot

L’arrivée théâtrale de Méphistophélès est plutôt amusante (cornes rouges clignotantes), mais les choses se gâtent avec les deux diablotins (ex-infirmiers), garnis de faux phallus : nez rouge de clown pour l’un et triangle noir pour l’autre. Des danseurs de tango traversent le plateau, comme un fil rouge sur la durée de la représentation, parfois réellement hors de propos, venant casser l’ambiance dramatique d’un air ou d’une scène. Autre leitmotiv, un chien sur roulettes est présenté lors de la première apparition de Marguerite, et ressort périodiquement sous les huées de quelques spectateurs. Grosse bronca au tomber de rideau du premier acte. Il faut préciser également que quasiment toutes les interventions de Méphistophélès pendant la kermesse ont été coupées(parmi les quelques tripatouillages de la partition, la ballade du Roi de Thulé est supprimée, le « Veau d’or » est décalé de deux actes, l’opéra étant d’ailleurs proposé en quatre actes au lieu de sa structure habituelle en cinq actes). On se demande alors bien pourquoi Siebel déclare ensuite « ce sorcier que Dieu damne m’a porté malheur », lorsque les fleurs se fanent dans ses mains, puisqu’il n’a eu jusque-là strictement aucune communication avec Méphistophélès.
Plus tard, quelques images marqueront les esprits, comme le viol de Marguerite par Faust, Marguerite tuant son bébé à coups d’épingle à nourrice géante, ou encore celle-ci s’éloignant au final vers la lumière blanche aveuglante du fond de plateau. La soprano Maya Boog est très investie en Marguerite, et reçoit une juste ovation ; intervenant parfois au plus fort des passages du toutou à roulettes, elle n’en a que plus de mérite. A côté de la basse engorgée et souvent confidentielle de Martin Tzonev (Méphistophélès), le Faust de Arturo Chacon-Cruz est une révélation, avec une diction claire, des notes maîtrisées sur toute la gamme, et un timbre qui nous rappelle deux autres ténors mexicains : un peu Rolando Villazon, et beaucoup Ramon Vargas. Caroline Fèvre (Siebel) et Nicolas Rivenq (Valentin) sont bien chantants, dans un français soigné, et les moyens de Michèle Lagrange (Dame Marthe) s’amoindrissent au fil des années. Bonne prestation des chœurs, et bel orchestre (somptueuses cordes, et de rares couacs aux cuivres), sous la baguette de Claude Schnitzler.

François Jestin

Gounod : FAUST : le 8 mars 2009 à l’Opéra de Montpellier – Le Corum