Arts-Scènes
Slogan du site

Cinéma Danse Expositions Musique Opéra Spectacles Théâtre

Opéra de Montpellier
Montpellier : “Education manquée“ & “Voix humaine“

Nouvelles productions : Si l’Education manquée manque de relief, en revanche La Voix humaine est un succès.

Article mis en ligne le avril 2010
dernière modification le 23 mai 2010

par François JESTIN

La double affiche de l’Opéra Comédie – Une éducation manquée et La Voix humaine – présentait avant tout l’intérêt d’entendre ces deux petits chefs-d’œuvre en version originale, pour piano seul.

C’est la délicieuse Education manquée d’Emmanuel Chabrier qui ouvre le bal, avec un rendu musical un peu frustrant, pour qui a le souvenir d’une représentation avec orchestre (par exemple au Théâtre impérial de Compiègne dans les années 1990). Ce n’est pas tant un problème d’épaisseur de son (le volume de l’instrument placé dans la fosse surélevée est important), qu’un manque de richesse de la musique. L’auditeur entend une simple réduction pour piano, sans que ce choix ne transforme non plus la pièce en un opéra de chambre.
Les trois personnages sont en effet secondés par de nombreux comparses, dont certains agissements rendent difficilement acceptable la mise en scène de René Kœring. En cause de rares passages hors de propos : une bonne sœur ouvre brusquement son habit, puis se trémousse avec vigueur. C’est le tour un peu plus tard d’un religieux (décidément, Kœring semble avoir des comptes à régler avec le monde ecclésiastique), qui dévoile des dessous sexy, puis passe ensuite en fond de plateau un couple sado-maso. Sans juger du fond du message anticlérical, ces saynètes sont en total décalage avec la poésie, les délicieux sous-entendus et non-dits de l’ouvrage. Dommage, ça ne passe vraiment pas !
Vocalement, deux soprani sont distribuées en jeunes mariés : Sarah Pagin (Gontran) qui peine sur certains graves et Andrea Hill (Hélène), à la voix plus puissante et de couleur plus sombre. La basse Jean-Marie Frémeau (Pausanias) n’est pas toujours très stable, mais convient bien à ce personnage pris de boisson.

Barbara Haveman dans « La Voix humaine »
© Marc Ginot / Opéra National de Montpellier

Le traitement du deuxième opus au programme est en revanche un succès complet. D’abord le pianiste Federico Santi joue à armes égales avec l’unique interprète sur scène, y compris dans les moments communs de déchaînement. La soprano Barbara Haveman (la Femme) est effectivement capable d’une forte projection pour sa colère ou sa fureur, mais aussi d’émouvants passages pour exprimer sa détresse. Ses efforts de prononciation sont louables, et seuls quelques syllabes en “eu“ ou “ui“ font parfois sourire.
René Kœring, qui signe là encore une nouvelle production, propose de la vie et du mouvement à la chanteuse (le portable a remplacé le vieux téléphone à cadran), dans un superbe décor de vaste loft avec terrasse sur Paris, réalisé par Virgile Kœring.

François Jestin

Chabrier : UNE EDUCATION MANQUEE
Poulenc : LA VOIX HUMAINE : le 28 février 2010 à l’Opéra Comédie de Montpellier