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Opéra-Comédie de Montpellier
Montpellier : “Affaire étrangère“

Avec Affaire étrangère, l’Opéra de Montpellier offrait une création rafraîchissante.

Article mis en ligne le mars 2009
dernière modification le 28 mars 2009

par François JESTIN

Création mondiale d’un jeune compositeur de 24 ans, cette Affaire étrangère est agréablement rafraîchissante.

Il faut bien reconnaître que les nouveaux ouvrages lyriques qui vont en scène aujourd’hui sont beaucoup plus souvent tirés de sujets graves voire déprimants, que composés dans le style buffo. C’est justement la première originalité de cette commande passée par l’Opéra de Montpellier à Valentin Villenave, alors « obscur professeur de piano » comme il le dit lui-même (voir son interview dans le dernier numéro, SM 210), écrite d’après la bande dessinée Politique étrangère de Lewis Trondheim (scénario) et Jochen Gerner (dessins). Ce dernier est chargé de la conception artistique des décors et costumes du spectacle, et la réalisation baigne dans une ambiance onirique et humoristique, à mi-chemin entre Les Mamelles de Tirésias de Francis Poulenc et le dessin animé Le Roi et l’Oiseau.

« Affaire étrangère »
© Marc Ginot

La mise en scène proprement dite est signée de Richard Mitou, dans la scénographie de Pierre Heydorff et les costumes de Jane Joyet. Un étranger débarque dans un royaume imaginaire, et le roi est en panique complète. Il ne sait la conduite à tenir – l’accueillir, le torturer, l’éliminer ? – et son entourage ne lui est pas d’une très grande aide, entre la reine, le chef de la Garde, et jusqu’à Dieu lui-même qui n’a pas de conseil à formuler. Chacun et chacune tombent ensuite sous le charme de l’étranger, qui prendra finalement la place du roi, en se débarrassant de celui-ci.
La distribution vocale est cohérente, en commençant par les tessitures graves de Nicolas Courjal (le roi) et Marco Di Sapia (L’étranger), puis Yves Saelens dans l’emploi de ténor de caractère du chef de la Garde. Côté féminin, la reine de Catherine Hunold impose sa présence, alors que Delia Noble (Le docteur) est plus discrète vocalement, et que Viorica Cortez est tout simplement distribuée dans le rôle de … Dieu ! Mais il est regrettable que la direction musicale de Samuel Jean ne soit pas en phase avec le plateau. Alors qu’une vingtaine de musiciens sont présents en fosse, un son démesuré arrive à nos oreilles, qui couvre évidemment trop souvent les voix, et oblige en particulier Yves Saelens et Delia Noble à brailler dangereusement.
La partition reste accessible au grand public – pour preuve des enfants très attentifs en salle jusqu’au rideau final – et intéressante musicalement, en variant l’orchestration, les rythmes, le volume sonore. L’humour est aussi présent, par touches, et l’écriture rappelle plus d’une fois Benjamin Britten.

François Jestin

Villenave : AFFAIRE ETRANGERE : le 1er février à l’Opéra de Montpellier – Comédie