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Opéra de Monte-Carlo
Monte-Carlo : “Les Contes d’Hoffmann“

Avec ces Contes d’Hoffmann, Jean-Louis Grinda signe une illustration visuelle. Rien de révolutionnaire...

Article mis en ligne le mars 2010
dernière modification le 21 mars 2010

par François JESTIN

Cette nouvelle production monégasque des Contes d’Hoffmann, qui n’avaient pas été donnés ici depuis 1977, nous laisse une impression mitigée.

Jean-Louis Grinda, directeur de l’Opéra, signe une illustration visuelle qui ne révolutionnera pas le chef-d’œuvre d’Offenbach, à base de “théâtre dans le théâtre“ (la rampe et l’image de la salle Garnier en fond de plateau) et de quelques ombres chinoises derrière des paravents (la poupée Olympia, un piano ou une maison miniature munichoise pour l’acte d’Antonia).

Du prologue jusqu’à l’épilogue, on ne sort pas vraiment de la taverne, avec les chaises rangées sur les côtés, dans un bel enchevêtrement par moments, et la présence presque continue de quelques clients saoulards. Cette unité limite la caractérisation tranchée de chaque acte, opérée surtout par la descente d’objets des cintres : automates peu réjouissants chez Olympia ou masques à Venise. On relève quelques idées, comme la poupée en double d’Olympia, vue certainement en relief par les invités qui chaussent des lunettes 3D, mais le statisme est quand même l’impression générale qui domine. Finalement, les moments les plus marquants de la soirée resteront peut-être l’entrée titubante d’Hoffmann parmi les spectateurs (qui utilise la proximité du lieu : « Bonsoir Madame ! »), ou encore le Docteur Miracle au balcon, à cour, qui profite de l’acoustique exceptionnellement maléfique !

« Les Contes d’Hoffmann » avec Neil Schicoff (Hoffmann)
Photo Stefan Flament © Opéra de Monte-Carlo

Mais l’événement tient d’abord en la présence du ténor américain Neil Schicoff dans le rôle-titre. Après de nombreuses années de fréquentation de cet emploi fétiche, ses moyens vocaux se sont émoussés, et son français est toujours aussi exotique, dont quelques mots réellement “pâteux“, mais certains moments restent électrisants, comme à l’acte de Venise, où le poète enfiévré est plus vrai que nature.

Il faut peut-être saluer d’abord tous les seconds rôles, très beaux pour le chant et la diction : Rodolphe Briand (les quatre valets), Alain Gabriel (Athanaël), Eric Huchet (Spalanzani), Marcel Vanaud (Crespel). On apprécie Nicolas Cavallier, dans les quatre méchants, solide et expressif, dont on aimerait toutefois qu’il appuie si possible certains graves profonds. Ekaterina Lekhina (Olympia) possède l’agilité et les suraigus de la partition, mais pourrait mettre plus en valeur ses qualités, en tenant quelques notes par exemple, tandis que Michelle Canniccioni (Antonia) nous a fait bien meilleure impression qu’à Avignon dans ce même rôle, nous semblant moins agressive, bien chantante et touchante. Marie-Ange Todorovitch (Giulietta) s’impose par un beau volume, alors que Carmen Oprisanu (Nicklausse / La Muse) est souvent incompréhensible, et sa voix limitée à la fois dans l’aigu et le grave.

La direction musicale de Jacques Lacombe est de belle qualité (quoiqu’on relève de rares décalages avec les chœurs), mais on lui a connu plus d’inspiration dans d’autres ouvrages défendus à Monte-Carlo, comme les récentes Jenufa ou Turandot.

François Jestin

Offenbach : LES CONTES D’HOFFMANN : le 23 janvier 2010 à l’Opéra de Monte-Carlo / Salle Garnier