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A l’Opéra de Monte-Carlo
Monte-Carlo : “Flûte“ glacée

La saison monégasque s’ouvre avec une Flûte enchantée originale.

Article mis en ligne le février 2009
dernière modification le 17 mars 2009

par François JESTIN

C’est une Flûte enchantée originale qui ouvre la saison monégasque, une forme d’expédition au pôle nord, rêvée par des enfants.

Le rideau se lève sur une charmante chambre d’enfants, où les trois garçons – futurs guides de Tamino, en pyjamas pendant toute la représentation – se chamaillent joyeusement, puis visionnent un DVD sur les pingouins, sorte de Marche de l’Empereur en version dessin animé. Papa Sarastro et la gouvernante Reine de la nuit éteignent les lumières, et le rêve peut commencer.
Papageno n’est plus le traditionnel oiseleur emplumé, mais un chasseur d’images avec appareil-photo en bandoulière, un grand panneau « paparazzi » venant aider les éventuels spectateurs qui auraient du mal à suivre. Tamino va chercher sa Pamina jusqu’en Arctique, et le temple de Sarastro est transformé en une supposée station d’observation ou de recherche, habitée par des savants à barbe blanche. Ceux-ci expliquent au prince – par de savantes formules physico-chimiques sur des écrans de télévision – que la pollution et le réchauffement climatique mettent notre planète en danger. Tamino remportera les épreuves finales, qui prêtent à sourire et même pouffer pour la deuxième : les fumées polluantes d’usines disparaissent, comme par… enchantement, puis les glaciers regagnent du terrain, et envahissent rapidement la Terre entière, ce qui ne serait pas, non plus, la plus viable des solutions !

« Die Zauberflöte » avec Hélène Le Corre (Pamina) et Matthias Klink (Tamino)
© Opéra de Monte-Carlo

Mise à part cette petite faiblesse, la production de Jean-Louis Grinda se tient admirablement, avec quelques références cinématographiques bienvenues : Orange mécanique pour Monostatos et ses sadiques compères, ou encore Elephant Man pour la première apparition de Papagena, grimée en vieille dame de « achtzig Jahre alt ». Sous la direction musicale solennelle et sans à-coups de Philippe Auguin, on mentionne d’abord l’excellent baryton Lionel Lhote (Papageno), très à l’aise, sonore et musical, et qui chante dans un allemand parfait, puis la soprano colorature Aline Kutan, qui maîtrise les vocalises pyrotechniques de la Reine de la Nuit. La musicalité de Hélène Le Corre (Pamina) est appréciée, alors que le ténor Matthias Klink (Tamino) fait valoir un timbre un peu ingrat, et se trouve rapidement en péril dans ses aigus. La voix caverneuse de la basse Bjarni Thor Kristinsson (Sarastro) impressionne, et il est dommage qu’il perde trop souvent la justesse, tandis qu’on retrouve avec plaisir Loïc Félix dans le rôle de Monostatos, qui lui va comme un gant. Enfin, la distribution des Trois Dames est réellement insatisfaisante, avec deux sur trois qui semblent plus caqueter que chanter.

François Jestin

Mozart : DIE ZAUBERFLÖTE : le 23 novembre 2008 à l’Opéra de Monte-Carlo – Forum Grimaldi