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Opéra de Monte-Carlo
Monte-Carlo : “Eugène Onéguine“

Honneur à l’âme russe en ouverture de la saison lyrique monégasque.

Article mis en ligne le février 2011
dernière modification le 22 avril 2011

par François JESTIN

Après une splendide Dame de Pique en 2009 (chroniquée dans SM 214), l’Opéra de Monte-Carlo remet Tchaïkovski sur le métier, avec un spectacle également convaincant.

A la mise en scène, Claire Servais règle le jeu des protagonistes avec justesse et naturel. La forêt de troncs de bouleaux est constamment présente, occultée en fin de spectacle par quelques parois qui figurent le palais du Prince Grémine (le traditionnel gros lustre est également présent). Le traitement de la scène du duel est bouleversant par sa simplicité : Lenski et Onéguine s’affrontent sur un fond de drap blanc, puis lorsque celui-ci tue son ancien ami le drap rougit brusquement et tombe. On peut toutefois émettre une petite réserve sur la production : trois danseurs censés a priori représenter les tourments de l’âme de Tatiana apparaissent comme des fantômes, l’entourent, gesticulent, mais la répétition du procédé finit par faire sourire.

« Eugène Onéguine » avec E. Chtcherbatchenko (Tatiana)
photo Stefan Flament © Opéra de Monte-Carlo

Déjà vu à Lyon dans le rôle-titre, le baryton Alexeï Markov possède un très beau grain de voix, une grande projection dans l’aigu, et une attitude cynique et froide bien en ligne avec le personnage, alors que le ténor Teodor Ilincai (Lenski) est remarquable d’élégance et de clarté. Le poids des ans ne semble pas atteindre la basse très profonde Paata Burchuladze (Grémine), tandis qu’on se demande bien ce que le Monsieur Triquet de Viatcheslav Voïnarovski vient faire dans une distribution d’un tel niveau : français incompréhensible (on lui donne son deuxième couplet en russe), et timbre plus laid que « de caractère ».

Côté féminin, c’est la mezzo Ekaterina Sergeïeva (Olga) qui impressionne le plus, avec des couleurs vocales assez fascinantes, aux côtés de Svetlana Lifar (Madame Larina) et Nadejda Vassilieva (la nourrice) moins marquantes. La Tatiana d’Ekaterina Chtcherbatchenko est particulièrement belle en scène, et chante joliment sa partition avec maîtrise, mais il y manque sans doute, autant vocalement que physiquement, un peu du feu qui devrait dévorer sa passion amoureuse.

La direction du chef Dmitri Jurowski est admirable de relief et d’intensité, et nous ferait presque oublier les petites baisses passagères de qualité d’intonation dans les soli ou petits ensembles de cordes.

François Jestin

Tchaïkovski : EUGENE ONEGUINE - le 21 novembre 2010 au Forum Grimaldi de Monte-Carlo