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A l’Opéra Comédie de Montpellier
Monte-Carlo : “Don Giovanni“

Un Don Giovanni appréciable, mais la direction musicale est discutable.

Article mis en ligne le mai 2008
dernière modification le 12 juin 2008

par François JESTIN

Donnée l’été dernier au festival de Radio France et Montpellier, cette production est très appréciable, mais on ne peut malheureusement pas en dire autant de la direction musicale…

Quelle mouche a donc piqué le chef Hervé Niquet, à la tête de son orchestre, le Concert Spirituel ? En choisissant des options le plus souvent contraires à la tradition, il fait certes preuve d’originalité, mais le résultat est très décevant. D’emblée l’ouverture choque, en démarrant à la vitesse d’un TGV, puis plus loin certains passage sont accélérés brutalement, mettant en difficulté les chanteurs en créant de petits décalages, comme dans l’air du Champagne. Il s’agit pourtant de la dernière des cinq représentations, et on s’attend d’ordinaire à une mécanique bien mieux huilée. D’autres mesures sont ralenties arbitrairement, on entend aussi des battues métronomiques sans aucune émotion (comme pour le duo « La ci darem la mano… »), et chaque final d’acte est sans ressort, à la limite de l’amorphe pour le finale de l’acte I, alors que Don Giovanni défie jusqu’à Dieu même.

« Don Giovanni »
© Marc Ginot / Opéra National de Montpellier

La distribution est plutôt jeune et homogène, avec d’abord un couple maître – valet qui retient l’attention. On commence par le valet, tant le baryton Henk Neven (Leporello) délivre un chant agréablement timbré sur toute la tessiture du rôle. L’autre baryton, Franco Pomponi, possède la projection et le grain d’arrogance pour le rôle-titre, mais il use et finit par abuser des piani (son air du Champagne est peu audible, et donc peu festif).
Isabelle Cals est un soprano de petit format pour Donna Elvira, mais sa musicalité lui permet de s’en tirer avec les honneurs. Raffaella Milanesi (Donna Anna) fait valoir une voix plus large, mais moins stable, et ce n’est qu’avec prudence qu’elle vient à bout de son « Non mi dir…  » final.
Cyril Auvity (Don Ottavio) gère une ligne de chant très élégante, mais il est dommage que quelques graves soient très vilains. Anna Kasyan (Zerlina) est très agréable, Petri Lindroos (Il Commendatore) solide, et Nicolas Courjal (Masetto) est une bonne basse, mais sa prononciation est presque systématiquement martiale.

La production de Jean-Paul Scarpitta opte pour le noir et blanc, avec une belle toile de nuages gris en fond de scène. La conception des mouvements et du jeu des chanteurs est très efficace, sur un plateau le plus souvent complètement nu. Quelques panneaux noirs descendent temporairement des cintres (un arbre, un miroir, …), des danseurs pour les noces de Zerlina et Masetto, un grand lustre pour le souper chez le Don, avec toujours beaucoup d’élégance sur scène. Quelques petites touches personnelles (utilisation du pistolet à la place de l’épée, Elvira – apparemment grande consommatrice d’antidépresseurs – frappe Don Giovanni avec son sac à main, …) ne mettent pas en péril la réussite visuelle du spectacle.

François Jestin

Mozart : DON GIOVANNI : le 6 avril 2008 à l’Opéra Comédie de Montpellier