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Teatro alla Scala, Milan
Milan : “Tosca“

La Scala programmait une coproduction Metropolitan Opera de New-York / Bayerische Staatsoper de Munich.

Article mis en ligne le avril 2011
dernière modification le 26 août 2011

Le Teatro alla Scala affichait complet en ce dimanche 20 février en matinée, tout comme lors des précédentes représentations. Fidélité au grand répertoire ou engouement pour la nouvelle étoile internationale du chant lyrique, Jonas Kaufmann ?

On s’étonne quand même de ne voir aucun Italien dans les premiers rôles, ni à la baguette. Où sont les nouveaux Gobbi, Tebaldi, Pavarotti ? Tempi passati ? Pour le moral de nos voisins, espérons que non.

« Tosca »
Credit : Brescia e Amisano, Teatro alla Scala

Sans surprises
Rien à relever en ce qui concerne les costumes (Milena Canonero) et les décors (Richard Peduzzi), traditionnels et sans surprises . Même chose ou presque pour la mise en scène de Luc Bondy, en dehors de deux idées bien trouvées : d’abord la mort de Scarpia, sur lequel Tosca s’acharne plus que de coutume en lui portant à chaque « mori ! » un coup de poignard supplémentaire, et le saut final de la protagoniste, dont on ne voit que l’envol, et non la chute. Pour la conception des personnages, les choix sont discutables.

La soprano ukrainienne Oksana Dyka possède les atouts vocaux nécessaires : une puissance peu commune, des aigus faciles, un medium consistant. Tosca semble être d’ailleurs son rôle fétiche, puisqu’elle l’a déjà tenu maintes fois avec succès, notamment à Montpellier, Tallin, Rome, Vérone et que d’autres représentations l’attendent à Dresde et Valencia. Ici, elle incarne une prima donna plus capricieuse et colérique que sensuelle et passionnée ; on le regrette, sans savoir sur qui mettre la faute. La raideur des gestes, peut-être exigée par le metteur en scène, dérange et exclut l’empathie.

« Tosca » avec Oksana Dyka, Jonas Kaufmann.
Credit : Brescia e Amisano, Teatro alla Scala

On en arrive même à trouver Scarpia moins haïssable. Zelico Lucic met au service de son personnage, un libertin qui s’entoure de jeunes femmes légères, un baryton solide et nuancé.

Jonas Kaufmann, récemment indisposé, a été justement ovationné. On remarquait pourtant une prudence indiquant que sa forme n’était pas encore à 100% retrouvée. Mais même à 90% de ses possibilités, on ne peut qu’être séduit par la souplesse de sa voix, ses éclats et ses pianissimi, son intelligence du texte et sa musicalité, sans parler de son physique avantageux. Il campe un Cavaradossi que la politique obsède davantage que la passion amoureuse. Dans cette production, cela paraît cohérent et ne l’empêche pas d’être émouvant.

Au pupitre le jeune chef israélien de trente ans Omer Meir Wellber transmet aux musiciens son énergie et sa fougue ; les spectateurs aussi en ressentent les effets, grâce aussi à l’acoustique de la Scala qui favorise particulièrement le son de l’orchestre.

Martine Duruz