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A l’opéra de Marseille
Marseille : “Un Ballo in maschera“

Magnifique Verdi à l’Opéra de Marseille grâce à la splendide distribution vocale réunie.

Article mis en ligne le mai 2008
dernière modification le 11 juin 2008

par François JESTIN

Du vrai, du bon Verdi à l’Opéra de Marseille grâce à la splendide distribution vocale réunie ; le bonheur aurait été toutefois plus complet avec une mise en scène un peu moins indigente.

La direction musicale est confiée ce soir à Nader Abassi, directeur artistique de l’Opéra du Caire. On apprécie son application pour maintenir la cohérence et produire une jolie musique en fosse, mais la tension dramatique fait globalement défaut sur l’ensemble de la représentation. Quelques petits effets de ralentis ou d’accélérations ne viendront pas compenser un certain manque d’urgence et de fièvre, le son restant tout de même de bonne qualité technique. Ce n’est malheureusement pas exactement le cas des chœurs, habituellement plus à l’aise dans Verdi.

« Ballo in maschera » avec Marco di Felice (Renato), Giuseppe Gipali (Riccardo / Gustavo) et Micaela Carosi (Amelia)
© Christian Dresse

Les trois titulaires des rôles principaux déclenchent en revanche l’enthousiasme. Micaela Carosi (Amelia) est un grand soprano dramatique, au volume très impressionnant sur certains aigus, qui possède toutes les notes de son rôle, très étendu. Elle peut encore progresser vis-à-vis de la maîtrise de sa conduite de ligne vocale ; quelques attaques dans le medium sont un peu approximatives. Le ténor Giuseppe Gipali (Riccardo, ou plus précisément Gustavo dans cette version « suédoise ») démontre quant à lui une musicalité sans faille. Même avec quelques notes graves sourdes, et un volume parfois modeste dans le medium, l’aigu éclate brillamment, et le style est toujours très élégant. Le baryton Marco di Felice (Renato) est, à l’opposé, d’une seule pièce : autorité dans l’accent, grosse projection, à la limite de l’arrogance dans le grain de voix. En dépit d’une curieuse gestion du souffle, la contralto Eugénie Grünewald (Ulrica) parvient à faire peur en sorcière / devineresse, avec des graves caverneux au style parlando, tandis que Laura Hynes Smith (Oscar) trouve un rôle parfaitement à sa portée, de soprano aiguë, agile et piquante.

La production de Jean-Claude Auvray – qui a déjà beaucoup tourné en France (vue par exemple à Avignon et Nice au cours de ces 3 dernières saisons) – ne fait pas très riche, ni esthétique. Deux petites scènes, sans musique, avant le démarrage de la scène 2, acte I (chez la sorcière Ulrica), puis de l’acte II (à minuit, au pied du gibet), sensées effrayer le public, pourraient sans doute distraire un enfant de 5 ans, et discréditent d’autant la réalisation. Mieux vaut alors regarder les chanteurs sur scène, qui s’engagent, jouent fort bien, et font passer les passions et sentiments par leurs voix et gestes.

François Jestin

Verdi : UN BALLO IN MASCHERA : le 21 mars 2008 à l’Opéra de Marseille