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Opéra de Marseille
Marseille : “Lucia di Lammermoor“

Très attendue à Marseille pour une nouvelle Lucia, Patrizia Ciofi a follement enthousiasmé le public.

Article mis en ligne le juillet 2007
dernière modification le 20 juillet 2007

par François JESTIN

Très attendue à Marseille pour une nouvelle Lucia, Patrizia Ciofi a follement enthousiasmé le public. Des partenaires de qualité, une mise en scène esthétique, et surtout une remarquable direction musicale : tous les ingrédients d’une très belle soirée étaient réunis, et elle le fut !

Dès l’ouverture, on remarque l’application et le beau résultat des cuivres, sur une partition pourtant difficile. L’orchestre atteint un niveau rarement entendu à Marseille, et l’osmose entre les musiciens et le chef Luciano Acocella est perceptible. Sa direction varie les rythmes et l’intensité, en allégeant certains passages, toujours avec goût. Les musiciens solistes sont ce soir magnifiques et impeccables de précision (flûte, harpe, ..), et il faut mentionner également la bonne tenue des chœurs, très à l’aise dans le répertoire italien.

Patrizia Ciofi (Lucia) © Christian Dresse

Dès l’entrée en scène de Patrizia Ciofi, dans une riche robe rouge, la tension dramatique est bien palpable sur scène. La musicalité est toujours remarquable, ainsi que la vélocité d’exécution dans les passages d’agilité. Encore mieux qu’à Orange l’été dernier, la salle convient parfaitement au volume de sa voix, et elle fait véritablement don de soi pour ce qui concerne l’émotion, avec la scène de la folie en point d’orgue. Elle recevra une standing ovation aux saluts, qui continuera de longues minutes, à rideaux tirés.

Le ténor Salvatore Cordella (Edgardo) déploie un timbre belcantiste, qui pourrait même rappeler, par certaines touches, le grand Alfredo Kraus (timbre un peu nasal, projection des aigus), si ce n’était son manque de musicalité flagrant, à plusieurs reprises. Fabio Maria Capitanucci (Enrico) possède un splendide timbre de baryton, au medium opulent, mais n’est pas à l’aise dans l’aigu et accuse aussi des problèmes de conduite de ligne vocale et de style, alors que la basse solide de Wojtek Smilek (Raimondo) est sans reproches.

L’action se déroule dans un décor unique (réalisé par Jacques Gabel), sur un fond de cyclorama, dont l’éclairage révèle en transparence des ombres d’arbres inquiétantes : l’effet est très réussi. Quelques éléments de mobilier – fauteuils, lustre, canapé, … – font leur apparition, sans oublier la passerelle de l’acte 1. L’acte 3 débute avec un vitrail du Christ descendu des cintres, et des danseuses commencent à se dandiner en arrière, sans attendre la fin du duo Edgardo- Enrico ; à ce moment précis, la mise en scène de Frédéric Bélier-Garcia peut paraître un peu chargée, mais elle offre en général un bel écrin aux artistes, Patrizia Ciofi en tête.

François Jestin

Donizetti : LUCIA DI LAMMERMOOR : le 13 avril 2007 à l’Opéra de Marseille