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Opéra de Marseille
Marseille : “Jenufa“

Totale réussite pour cette représentation de Jenufa.

Article mis en ligne le juillet 2009
dernière modification le 4 juillet 2009

par François JESTIN

Une représentation digne des plus grandes scènes internationales, une émotion parfois à couper le souffle de la salle, et une musique divine.

On n’en attendait effectivement pas tant de l’orchestre de l’Opéra de Marseille, d’une application pas toujours très régulière au cours de la saison, surtout dans des répertoires qui ne lui sont pas familiers. La surprise est donc de taille, dès les premières mesures du violon solo, proches du sublime. Au pupitre, le Britannique Mark Shanahan ne relâche pas la tension de toute la soirée, et des cordes au xylophone, tout fonctionne admirablement, sauf peut-être quelques faiblesses aux bois (clarinette).

« Jenufa », avec Olga Guryakova (Jenufa), Hugh Smith (Laca), et Nadine Secunde (Kostelnicka)
© Christian Dresse

La distribution vocale révèle de très bons éléments, à commencer par la Kostelnicka de Nadine Secunde, qui recueille les applaudissements les plus sonores au rideau final. Volume vocal impressionnant, aigus projetés avec indécence, et parfois une pointe de raucité, certaines légères fêlures dans le médium, quelques graves poitrinés qui sonnent comme ceux d’un animal blessé, tous ces petits défauts se transforment en brillantes qualités lorsqu’il faut caractériser la terrible belle-mère meurtrière, puis repentante. Olga Guryakova dans le rôle-titre est certainement une Jenufa moins démonstrative, plus introvertie que d’autres (on pense par exemple à Karita Mattila). Si les aigus sont véhéments, les graves sont parfois plus modestes. Elle n’en fait pas moins partager avec le public – par la voix et par le jeu – sa joie, ses doutes, sa blessure, sa souffrance, sa force, son courage.
De ses prétendants ténors, on retient surtout Hugh Smith (Laca), et ses énormes aigus ; le médium est plus sombre, plus fermé, et le timbre évoque plus d’une fois un glorieux aîné, Jon Vickers. Jesus Garcia (Steva) est en revanche d’un volume souvent confidentiel et trop transparent pour éviter quelques sifflets à l’issue du spectacle. La voix de contralto de Sheila Nadler (Burya) est bien en place, et également joliment timbré Patrice Berger (rôles du Contremaître, puis du Maire).
La production de Patrice Caurier et Moshe Leiser, inaugurée à l’Opéra de Nantes il y a deux saisons, est une réussite visuelle et dramatique. Les décors très naturalistes de Christian Fenouillat nous immergent dans ce village morave, dépouillé et austère (certains tableaux, comme l’acte II sont dans la lignée des réalisations les plus sévères de la peinture flamande). Les variations des lumières, opérées par Christophe Forey, sont aussi très efficaces : pénombres angoissantes, rais de lumière soudains, …

François Jestin

Janacek : JENUFA : le 7 avril 2009 à l’Opéra de Marseille