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A l’opéra de Marseille
Marseille : “Die Walküre“

L’opéra de Marseille a terminé sa saison de façon magistrale grâce à La Walkyrie.

Article mis en ligne le septembre 2007
dernière modification le 30 août 2007

par François JESTIN

Dernier spectacle d’une brillante saison, Marseille renoue glorieusement avec sa tradition wagnérienne en affichant La Walkyrie. Réussite magistrale, et ovation méritée du public au final.

Le choix assumé par le metteur en scène Charles Roubaud est assez novateur : jusqu’à présent, les moyens vidéos étaient généralement utilisés comme éléments de décors apportant un soutien à une production, mais avec cette Walkyrie marseillaise, la vidéo prend le pouvoir. Les avantages en sont nombreux – efficacité de l’impact visuel, et aussi certainement coûts de production plus faibles, ainsi qu’un montage plus facile et rapide d’une telle mise en scène – mais on imagine également le piège dans lequel le spectateur pourrait rapidement tomber, en étant hypnotisé par un écran de cinéma, devant lequel s’agite quelques chanteurs. Nous n’en sommes pas encore là à Marseille, même si la fascination des diapositives ou séquences filmées joue à plein.

Die Walküre – Les adieux de Wotan à Brünnhilde © Christian Dresse

Au premier acte, après avoir cherché vainement le frêne du monde, la révélation arrive : une section de tronc d’arbre occupe toute la scène, projetée par diapositive. De même, certains objets clés sont dématérialisés par des projections : l’épée Notung en lumière acier qui ondule, et la lance de Wotan figurée par un rayon rouge tantôt vertical, tantôt horizontal. L’ambiance du 3ème acte sera plus minérale, avec des murs béton au Walhall, et une belle scène finale avec rochers et flammes sur le décor, puis sur le rideau qui se ferme.
L’orchestre de Marseille n’a pas à rougir de sa prestation, tenu de main de maître par le chef Friedrich Pleyer, spécialisé dans le répertoire germanique. Même si les cuivres détonnent parfois, la qualité du son est appréciable en continu. On est enfin surpris par l’homogénéité, ainsi que par le niveau remarquable de la distribution vocale, digne des plus grandes maisons internationales. Les jumeaux Sieglinde et Siegmund impressionnent particulièrement : Gabriele Fontana est complètement dans son personnage, à l’étendue vocale très large (on se souviendra longtemps de ses soupirs de contentement lorsque Siegmund décide de rester), et Torsten Kerl est impeccable de vaillance et d’expressivité (ah oui, presque parfait seulement, son aigu sur le deuxième « Wälse ! » étant un peu en-dessous, mais ceci relève bien sûr de l’anecdote !). A côté d’un efficace Artur Korn (Hunding), Albert Dohmen (Wotan) fait à nouveau preuve de sa solidité dans le rôle des rôles, alternant tout au long de la soirée des accents d’autorité et de fragilité dans sa voix. A côté d’une Fricka (Sally Burgess) un peu faible pour ce qui est de la projection wagnérienne, et d’un groupe de Walkyries certainement perfectible, la soprano Janice Baird joue Brünnhilde avec un total naturel : dès qu’elle ouvre la bouche, elle est la fille préférée de Wotan - avec un grave charnu, et l’aigu victorieux - et c’est une jeune fille blonde au décolleté généreux qui court sur scène. A défaut d’une tétralogie complète, espérons que Marseille enchaîne bientôt avec un Siegfried !

François Jestin

Wagner : DIE WALKÜRE : le 23 mai 2007 à l’Opéra de Marseille