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A l’opéra de Marseille
Marseille : “Die Entführung aus dem Serail“

Grâce à cet Enlèvement, l’Opéra de Marseille révélait au public la prodigieuse soprano Jane Archibald.

Article mis en ligne le avril 2007
dernière modification le 6 juillet 2007

par François JESTIN

Très élégant et agréable à l’œil, cet Enlèvement marseillais est à marquer d’une pierre blanche, pour la découverte de la prodigieuse soprano canadienne Jane Archibald, qui a 25 ans.

La mise en scène de Vincent Vittoz, sur les décors de Michel Pastore, est joliment arabisante : praticable incliné couleur sable sur fond de ciel bleu, moucharabiehs escamotables, orangers miniatures à arroser, …. L’action du 1er acte, qui semble plombée par une chaleur écrasante, est suivie avec un intérêt constant par le spectateur, le jeu des solistes restant sobre et naturel. Le 2ème acte, nocturne, sera propice à des ciels plus sombres, les ombres des moucharabiehs figurant les barreaux quadrillés d’une prison.

Le point faible de la représentation est la qualité tout à fait moyenne du son produit en fosse. La direction musicale de Thomas Rösner, il est vrai sans grand ressort ni originalité, semble autoriser les musiciens à relâcher considérablement leur attention et application. Quelques vilaines sonorités se font ainsi entendre, souvent sur les introductions des arias, ou sur les quelques récitatifs accompagnés, qui ne sont pourtant pas de la musique de 2ème choix écrite par Mozart !

Die Entführung aus dem Serail : Jane Archibald (Konstanze) et Nick Monu (Selim Pacha) © Christian Dresse

La distribution vocale va du très moyen à la révélation, en commençant par le ténor finlandais Juha Riihimäki (Belmonte), effectuant un remplacement : timbre sombre, volume réduit, peu d’agilité (quelques notes oubliées par ci, par là), attaques par en-dessous, instabilités désagréables, …, il n’est pas l’objet de la révélation mentionnée. L’allure de son compatriote Jyrki Korhonen (Osmin) est impressionnante – il ressemble de près à Méphistophélès ou au Docteur Miracle – mais sa voix beaucoup moins, avec un volume confidentiel par moments. En 2ème ténor, Loïc Félix, déjà entendu dans Pedrillo au festival d’Aix-en-Provence, est tout à fait satisfaisant. Même si le timbre est un peu nasal, la voix reste claire, bien conduite et porte correctement ; il ne semble en revanche pas avoir progressé dans la diction de la langue de Schiller… Côté masculin pour terminer, le rôle parlé de Selim Pacha est tenu de manière originale (ses furieuses colères en allemand à l’africaine !) par le Nigérian Nick Monu. La soprano Brigitte Fournier (Blöndchen) maîtrise les difficultés – mis à part 2 aigus un peu délicats – et met sa voix piquante et toujours musicienne au service de l’expressivité et du jeu.

Le meilleur pour la fin : Jane Archibald ne fait qu’une bouchée du rôle de Konstanze, à l’étendue spectaculaire : admirable musicalité, agilité, dynamique, suraigus, tout est maîtrisé, et non comme une poupée mécanique, mais en alternant la fragilité dans les passages délicats, avec une grande détermination et une voix plus corsée dans les moments qui l’exigent. Très impressionnante – d’autant que son allemand est parfait ! – cette chanteuse est en tout début de carrière. Engagée pour deux saisons au Staatsoper de Vienne, elle sera toutefois de retour l’année prochaine à Marseille dans Giulio Cesare de Händel : à bon entendeur…

François Jestin

Mozart : DIE ENTFÜHRUNG AUS DEM SERAIL : le 6 mars 2007 à l’Opéra de Marseille