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A l’opéra de Marseille
Marseille : “Dialogues des Carmélites“

Réussite complète pour ces “Dialogues des Carmélites“.

Article mis en ligne le décembre 2006
dernière modification le 15 juillet 2007

par François JESTIN

Pari gagné pour l’Opéra de Marseille, et réussite complète pour ces “Dialogues des Carmélites“, où beauté et émotion sont au rendez-vous.

Il est toujours un peu risqué de monter le chef-d’œuvre de Francis Poulenc, pourtant unique dans sa puissance d’évocation et sa force théâtrale. La notoriété de l’opéra est d’abord plus faible que celle d’une “Carmen” ou d’une “Traviata”, mais le public marseillais est présent en nombre ce jeudi soir, et les applaudissements sont particulièrement nourris à l’issue de la représentation. La deuxième difficulté est de réunir une distribution vocale, en quantité – au moins huit rôles de premier plan – et en qualité, le texte devant rester parfaitement compréhensible par le spectateur.

“Dialogues des Carmélites“, avec Marie-Ange Todorovitch (Mère Marie) et Zlatomira Nikolova (Madame de Croissy) © Christian Dresse

Les chanteurs, en majorité francophones, sont remarquables, même si ce n’est pas Blanche de la Force qui brille le plus : la soprano Barbara Ducret ne possède pas vraiment dans le timbre l’innocence et la pureté de la novice, on relève quelques instabilités dans le grave et le bas médium, et un petit cheveu sur la langue, mais les aigus sont beaux et l’émotion passe. Le contraste est frappant en écoutant la pimpante Laura Hynes Smith (Sœur Constance), qui déploie un timbre cristallin et léger, avec une diction impeccable. La performance de Zlatomira Nikolova (Madame de Croissy) est à saluer : il faut vraiment tendre l’oreille pour déceler sa nationalité bulgare, les graves sont entiers et profonds, les aigus à la Rita Gorr, et la mort de la Prieure est un sommet du spectacle. Marie-Ange Todorovitch (Mère Marie) fait valoir son habituelle autorité dans l’accent, bien à propos ici, et on s’élève encore dans la qualité du chant avec Manon Feubel (Madame Lidoine), qui déroule son texte avec phrasé et legato. Chez les hommes, on retient le beau baryton de Kristian Paul (le Marquis de la Force), en butte toutefois à de petits problèmes de rythme par moments, le toujours vaillant Gilles Ragon (le Chevalier de la Force), parfait dans ce rôle, ainsi que l’autre ténor Christophe Berry (l’Aumonier). Patrick Davin à la direction musicale parvient cette fois à un résultat très satisfaisant, de belle qualité globale, même si quelques sons dans la fosse peuvent encore être enjolivés à l’avenir. En utilisant la production de Jean-Claude Auvray – inaugurée en 1999 à Avignon – l’Opéra de Marseille ne bascule pas dans les dépenses somptuaires : le plateau est plutôt dépouillé, avec des panneaux coulissants en avant-scène, quelques éléments minimalistes de mobiliers (fauteuils, tables, prie-Dieu, bougies, …), et une belle voûte peinte en fond de décor, figurant un Christ crucifié. Cette mise en scène fonctionne parfaitement, et on n’oubliera pas de sitôt la scène finale de décapitation des Carmélites, le rideau tombant petit à petit, à chaque coup de guillotine.

François Jestin

Poulenc : DIALOGUES DES CARMELITES : le 16 novembre 2006 à l’Opéra de Marseille