Arts-Scènes
Slogan du site

Cinéma Danse Expositions Musique Opéra Spectacles Théâtre

Opéra de Lyon
Lyon : “Death in Venice“ & “Traviata“

L’Opéra de Lyon terminait sa saison avec Death in Venice, suivi de la Traviata.

Article mis en ligne le septembre 2009
dernière modification le 22 septembre 2009

par François JESTIN

Une fin de saison en demi-teinte pour l’Opéra de Lyon qui a choisi de remonter la Traviata de Klaus Michael Grüber. Un mois auparavant les spectateurs ont eu droit à une magnifique production de Death in Venice.

Le traitement que fait le metteur en scène Yoshi Oida de l’ultime opéra de Britten est réussi : les images stylisées et épurées ne tombent pas dans un japonisme forcené, les scènes enchaînent sans temps morts, des porte-manteaux étant présents à cour et jardin pour les changements. Les ballets des enfants – signés de Daniela Kurz – sont plus joyeux et sportifs que maniérés et équivoques, celui des gondoliers est superbement majestueux, hiératique. Le dispositif scénique de Tom Schenk évoque bien évidemment Venise avec la présence d’eau sur le plateau, des pontons et un praticable central en bois, tandis que les éclairages sur les panneaux en fond de décor produisent des reflets variés. Si la couleur du timbre d’Alan Oke (Gustav von Aschenbach) est bien dans la lignée des Pears et Langridge, sa tenue en scène semble un peu raide au début de la pièce, mais son interprétation va crescendo et sa souffrance physique et morale est plus tard évidente pour le spectateur. La basse Peter Sidhom est bien projetée dans ses incarnations successives, malgré le cheveu sur la langue. La direction musicale de Martyn Brabbins ne se relâche pas une seconde, avec de remarquables instrumentistes, tout particulièrement aux cordes et aux percussions.

« Death in Venice »
© Bertrand Stofleth

Avant d’aller à Vienne pour jouer et enregistrer l’intégrale des symphonies « londoniennes » de Haydn, Marc Minkowski et son orchestre des Musiciens du Louvre – Grenoble font un petit galop d’essai le 25 mai à L’Opéra de Lyon. Trois symphonies au programme (n° 99, « L’Horloge » et « Londres »), dans lesquelles l’enthousiasme, le ressort, l’énergie sont communiqués aux auditeurs, une direction originale, assez éloignée des productions plus « huilées » des divers Philharmoniker.

« La Traviata » avec Ermonela Jaho (Violetta) et Edgaras Montvidas (Alfredo)
© Jean-Pierre Maurin

La production lyonnaise de Traviata vue en 1993 au théâtre du Châtelet ne nous avait pas convaincu pour un sou. Un an tout juste après la disparition de Klaus Michael Grüber, la reprise de sa mise en scène est une forme d’anniversaire. Si la première image de la réception chez Violetta est saisissante – une fête triste, glauque, avec des convives assis sur l’avant-scène qui tirent une gueule d’enterrement – les scènes suivantes (à l’exception du 3ème acte) frisent la caricature. En fin d’acte I, sur les paroles « … in questo popoloso deserto che appellano Parigi », les toits parisiens sous un ciel étoilé apparaissent ; à l’acte II, l’évocation de la maison d’Alfredo et Violetta est proche du ridicule, avec Violetta et Germont séparés physiquement par un voile, et plus tard la fête chez Flora reprend le même principe qu’à l’acte I, des chanteurs resserrés sur l’avant du plateau, ce qui évoque quasiment une version de concert, en costumes et jolis masques.
Déjà vue dans le rôle-titre à Marseille en janvier 2006 (voir SM 183), la soprano albanaise Ermonela Jaho nous inquiète au 1er acte, avec une voix excessivement large, et un style forte presque permanent. On est rassuré au 2ème acte, ses capacités à alléger l’instrument et varier les nuances sont intactes, et c’est dans cette partie qu’elle est ce soir la plus émouvante. Le style du ténor Edgaras Montvidas (Alfredo) est peu verdien, et le timbre manque de lumière, alors que Lionel Lhote (Giorgio) est bien chantant mais peut encore travailler le charme et l’épaisseur de son grain de voix (il n’a pas encore l’âge du rôle). Sous la direction de Gérard Korsten – qui ne résiste pas toujours à la tentation des flonflons de la partition, et abuse des silences a piacere, l’orchestre ne semble pas dans sa meilleure forme.

François Jestin

Britten : DEATH IN VENICE le 24 mai 2009
Concert Haydn le 25 mai 2009
Verdi : LA TRAVIATA le 23 juin 2009 à l’Opéra de Lyon