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Teatro Nacional Sao Carlos Lisboa
Lisbonne : “Le Nozze di Figaro“

Le Nozze di Figaro étaient montées par Guy Montavon.

Article mis en ligne le juin 2010
dernière modification le 2 août 2010

par François LESUEUR

Impossible de visiter Lisbonne sans se rendre au Teatro Nacional Sao Carlos. Après Wagner, Johann Strauss et un diptyque Rossini/Bernstein, Mozart était à l’affiche en avril dernier avec Le Nozze di Figaro malicieusement montées par Guy Montavon.

Calqué sur les plans de la Scala de Milan, sa classique façade extérieure, sa salle en ellipse, ses cinq étages de loges, ses coloris mordorés, le Teatro Nacional Sao Carlos inauguré en 1793 avec La ballerina amante de Cimarosa, est l’une des fiertés de Lisbonne. Miraculeusement épargné par les flammes, cette salle jouit depuis 1946, date de sa reprise par l’Etat, d’une notoriété méritée. Le Nozze di Figaro programmées au mois d’avril, permettaient de découvrir le travail du Genevois Guy Montavon, ancien assistant du directeur du Grand Théâtre, metteur en scène et directeur général de l’Opéra d’Erfurt depuis 2002, avec lequel ce spectacle est produit.
Sur le plateau de la couleur, avec ces décors acidulés souvent drôles, notamment le jardin avec ces arbres contenant des photos de têtes couronnées et de people en médaillon, du mouvement, les personnages vêtus de costumes XVIIIème modernisés s’agitant avec efficacité et de l’Histoire. Ces Noces annoncent en effet la fin de la Monarchie, les revendications révolutionnaires, sous l’oeil imperturbable du Général De Gaulle, symbole de la résistance française.
Menée tambour battant par un couple de valets endiablés, dont les désirs d’émancipation se font clairement entendre, cette folle journée se conclura, non sans mal, par le mariage attendu de Susanna et de Figaro et la réconciliation espérée du Comte et de la comtesse, pour une période cependant inconnue.

« Le Nozze di Figaro »
© Alfredo Rocha

Cette lecture peu provocante, mais sans doute un peu lisse pour nos yeux habitués à plus de turbulences dramatiques et scéniques, s’avère plaisante. La Susanna délurée de Joana Seara, chanteuse confirmée et comédienne ambitieuse se détache d’une distribution assez homogène. Sans être un Figaro inoubliable, Leandro Fischetti campe son personnage avec fraîcheur et détermination, tout comme Maria Luisa de Freitas Marcellina vocalement sure et Donato di Stefano vigoureux Bartolo, tous deux entourés par Mario Joao Alves, Maître de musique au comique étudié. Si le Cherubino de Luisa Francesconi confond un peu trop facilement l’indiscipline vocale et la fougue adolescente, la cantatrice possède un joli tempérament, à l’image de la Comtesse irritée par les frasques de son époux qu’habite avec tact la jeune, quoiqu’un peu verte, Jessica Muirhead, particulièrement juste et musicale pendant le célèbre "Dove sono". Virile et cassant jusqu’à la brutalité, la basse Marco Vinco s’empare avec autorité du Comte, qu’il interprète avec assurance malgré un timbre qui manque de séduction. Chef dynamique et d’une grande précision, Julia Jones prône un Mozart nerveux jusque dans les récitatifs accompagnés qui sonnent avec clarté et enthousiasme.

François Lesueur

Teatro Nacional Sao Carlos Lisboa : « Le Nozze di Figaro » de Mozart 28 avril 2010.