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Les Musicales du Lubéron, Lacoste
Lacoste : “ Semiramide“

Les Musicales du Lubéron offraient une belle surprise, avec cette représentation de Semiramide.

Article mis en ligne le septembre 2008
dernière modification le 13 septembre 2013

par François JESTIN

L’été réserve parfois de divines surprises, comme cette représentation de Semiramide, opera seria majeur de Rossini, d’une rare difficulté d’exécution.

Pour son 20ème anniversaire, le festival des Musicales du Lubéron a voulu frapper un grand coup. Depuis son origine, cette manifestation a toujours invité des spectacles déjà montés (avec des artistes prestigieux tels que Bowman, Gens, Rousset, Malgoire, Jarrousky, Bayo, …), et c’est en effet la première fois que ses organisateurs passionnés se lancent dans l’aventure d’une nouvelle production. C’est aussi la première fois qu’une soirée – unique – est accueillie dans le merveilleux site des anciennes carrières de Lacoste – qui abrite le festival du même nom – où le décor naturel figure déjà idéalement les palais de Babylone.
Les jeux de lumière de Jacques Chatelet suggèrent efficacement les ambiances tour à tour voluptueuse (« Bel raggio lusinghier  » de Semiramide) ou angoissante (scène de folie d’Assur). La mise en espace envisagée initialement par Nadine Duffaut, s’est rapidement transformée en une véritable mise en scène, avec costumes (beaucoup semblent provenir d’une récente Flûte enchantée à Avignon), et jeu réglé en un temps record (3 jours de répétitions seulement !). Nous avons même droit dès l’ouverture au flash-back de l’empoisonnement du roi par Semiramide, qui verse le breuvage, et Assur qui tend la coupe.

"Semiramide"
© Brice Toul

L’orchestre de l’opéra de Marseille a fait le déplacement, sous la direction de son conseiller musical, le chef Cyril Diederich, et le résultat est satisfaisant, mais dans une acoustique assez défavorable aux musiciens. Il faut signaler toutefois que si l’amateur prend du plaisir, le musicologue rossinien s’arracherait les cheveux ce soir, une bonne paire de ciseaux ayant découpé la partition en tous sens : environ 2 heures 30 minutes de musique, contre 4 heures dans l’intégrale d’Alberto Zedda, à Pesaro en 1992. Les protagonistes – à l’exception du ténor Jean-Luc Viala (Idreno), hors maîtrise de ce rôle et qui fait preuve d’une complète impréparation en lisant sa partition – procurent beaucoup de plaisir. Eric Martin-Bonnet (Oroe) est le plus sonore et très autoritaire, tandis que Paul Gay (Assur) se tire avec les honneurs de sa prise de rôle, en gérant intelligemment ses moyens (rythme ralenti dans les passages fleuris). Du travail et encore du travail lui permettront d’acquérir à l’avenir plus de maîtrise de la tierce aiguë, plus de présence de la tierce grave, et une vélocité supplémentaire, sans détériorer son timbre magnifique.
Mais c’est avec le côté féminin de la distribution que le frisson passe : Marie-Ange Todorovitch, pour qui Arsace est également une prise de rôle, est extrêmement agile vocalement – même si les vocalises n’enchaînent plus aussi facilement en fin de représentation – et la projection est imposante.
Enfin, la soprano italienne Silvia Dalla Benetta (Semiramide) maîtrise complètement le rôle du point de vue technique, en proposant même d’excitantes variations dans les reprises, avec un timbre qui n’est pas sans rappeler celui de Nelly Miricioiu. Le succès est général, et on espère une prochaine reprise ; à quand remontait la dernière Semiramide donnée dans le sud-est de la France ? Rien depuis Marseille en 1997 ?

François Jestin

Rossini : SEMIRAMIDE : le 26 juillet 2008 à Lacoste