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Bâtiment des Forces Motrices
Genève : “Punch and Judy“

Le BFM accueillera un spectacle qui “décoiffe“ !

Article mis en ligne le avril 2011
dernière modification le 28 août 2011

par Martine DURUZ

En avril le Bâtiment des Forces Motrices accueillera une production de l’English National Opera, Punch and Judy, « tragi-comédie ou comédie tragique en un acte » de Harrison Birtwistle, sur un livret de Stephen Pruslin.
Une musique et une action qui décoiffent : préparez-vous à être bousculés !

Lors de sa création au Festival d’Aldeburgh en 1968, le spectacle n’a pas manqué de choquer tant par l’originalité de la musique que par les outrances de l’intrigue. Benjamin Britten lui-même a paraît-il quitté la salle à l’entracte !
Le compositeur reprend les personnages bien connus du théâtre traditionnel anglais de marionnettes, Punch et Judy, comparables aux protagonistes du théâtre Guignol en France, à ceux de la commedia dell’arte en Italie et du Kasperltheater en Allemagne. Des personnages qui, dit-il dans une interview, correspondaient à la musique qu’il voulait écrire, une musique faite de petits modules assemblés, à la manière des Legos.
Comme la marionnette originale, apparue au Royaume Uni dans le courant du XVIIème siècle, Punch, dépourvu de tout principe moral, se distingue par une violence sans limite, mais aussi sans préméditation. Il élimine ce qui le contrarie, assouvissant ainsi ses pulsions les plus primitives. Pour Birtwistle, il est un « monsieur tout le monde immoral ». David Wright relève le traitement archétypal de la musique et du sujet dans la tentative de Birtwistle et Pruslin de créer ce qu’ils ont appelé un « source opera ». De son côté Paul Griffiths a défini Punch comme « l’exact contraire de Petrouchka : un être humain qui se comporte comme une marionnette ».
Les rôles principaux seront interprétés à Genève par Bruno Taddia (Punch) et Lucy Schaufer (Judy) ; l’Ensemble Contrechamps sera dirigé par Wen-Pin Chien et la mise en scène assumée par Daniel Kramer et Elaine Tylerhall.

« Punch & Judy »
© Catherine Ashmore

Harrison Birtwistle est né en 1934 à Accrington dans le Lancashire. Il s’adonne d’abord à l’étude de la clarinette et compose des œuvres qu’il qualifiera plus tard de « sous-Vaughan Williams ». En 1952 il entre au Royal Manchester College of Music et rencontre Peter Maxwell Davies et Alexander Goehr avec qui il formera, en compagnie du pianiste John Ogdon et du chef Elgar Howarth le New Music Manchester Group, spécialisé dans l’exécution de la musique contemporaine. Après une courte période passée à l’Académie Royale de Musique, il devient maître d’école pour gagner sa vie. Mais en 1965 il décide de se consacrer à la composition.

Il est nommé directeur musical du Royal National Theatre de Londres en 1975, fait chevalier en 1988, et enseigne la composition de 1994 à 2001 au King’s College de Londres. Il a été nommé membre de l’Ordre des compagnons d’honneur en 2001.
Birtwistle reconnaît l’influence de Stravinsky et Messiaen sur son œuvre, et on a parfois comparé sa technique de juxtaposition de « blocs » à celle de Varèse. Il est difficile cependant de le rattacher à une école ou à un mouvement particulier.
Pour les amateurs, voici une liste des opéras qui ont suivi Punch et Judy :
The Mask of Orpheus, Yan and Tethera, Gawain, The Second Mrs Kong, The Last Supper, The Io Passion, et The Minotaur (2008).
Il a également composé de nombreuses pièces pour orchestre ou musique de chambre. Son concerto pour violon et orchestre date de 2011.

Curieux, accourez au BMF ! Fleurs bleues, s’abstenir.

Martine Duruz