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Au Grand Théâtre de Genève
Genève, Grand Théâtre : “Da gelo a gelo“
Article mis en ligne le décembre 2007
dernière modification le 16 décembre 2007

par Pierre-René SERNA

Créé en mai 2006 au festival de Schwetzinger, repris en juin 2007 au palais Garnier, le dernier opéra de Salvatore Sciarrino, Da gelo a gelo, est repris en janvier au Grand Théâtre, dans la même production.

Le compositeur Salvatore Sciarrino (né en 1947) a sa marque musicale bien à lui : l’effleurement des sons, les instruments pris à contre-emploi, l’imperceptible marié aux incongruités acoustiques, la dilution des timbres dans un tout à la fois foisonnant et déliquescent ; son dernier opéra Da gelo a gelo n’y échappe pas.

Langage personnel
Sciarrino est à la tête d’un corpus musical conséquent, qui touche à tous les genres : scénique, vocal, orchestral, de chambre, destiné à des solistes, ou l’opéra. Da gelo a gelo (d’un hiver l’autre), n’est donc pas son premier essai dans le domaine lyrique. On y retrouve infailliblement les ingrédients de son langage personnel. Reprenons le compte-rendu que nous faisions en son temps (Scènes Magazine de l’été 2007), après les représentations parisiennes.
À ce raffinement extrême manque donc la surprise, qui fasse parfois que le compositeur sorte de sentiers si patiemment répertoriés. On n’en reste pas moins sensible à cette forme d’envoûtement insinué, de chuchotement intime, de suprême allusion, si rafraîchissants en ces temps de vulgarité généralisée (éloquemment attestée par la réaction d’une partie du public).

Da gelo a gelo. Crédit Opéra national de Paris

Symbiose
D’autant que pour Da gelo, la symbiose du tissu orchestral et des voix réussit l’alchimie : l’un prolongeant les autres dans les mêmes micro-nuances. Il est curieux, du reste, que le chant soit à ce point infléchi dans ses registres naturels, alors que les instruments s’évertuent à jouer le contraire de ce à quoi ils sont destinés ! C’est ainsi. Bravos ! donc à Anna Radziejewska, Izumi irisée, à Michael Hofmeister, Prince autant chatoyant mais moins immatériel, ainsi qu’aux couleurs parcellaires du Klangforum Wien sous la baguette connaisseuse de Tito Ceccherini.
Les poétiques mouvements de Trisha Brown (combien les chorégraphes savent transcrire l’essence musicale d’un opéra !) donnent à cette légende dans le Japon du Xe siècle, échange épistolaire de deux amants épris de luxe et de luxure, une idéale intemporalité.

Pierre-René Serna

23, 25, 27, 29, 31 janvier, 20h00, 1er, 5, 7 février, 20h00,
3 février, 17h00 : D’UN HIVER L’AUTRE de Salvatore Sciarrino. OCG, dir. Tito Ceccherini, m.e.s. Trisha Brown. Au BFM, salle Théodore Turrettini (loc. 022/418.31.30)