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Opéra de Lausanne
Entretien : Jean-Yves Ossonce

Jean-Yves Ossonce sera à Lausanne en février pour diriger Madame Butterfly.

Article mis en ligne le février 2009
dernière modification le 17 mars 2009

par Pierre-René SERNA

C’est par téléphone, depuis Minneapolis, au Nord des États-Unis, où
Jean-Yves Ossonce s’apprête à diriger Faust, que l’entretien se déroule.
La voix est lointaine, mais chaleureuse malgré l’heure matinale (7 heures du matin, heure locale).

Car le directeur de l’Opéra de Tours ne limite pas sa carrière et son talent à sa ville. C’est un chef d’exception que Jean-Yves Ossonce, recherché par les meilleurs théâtres lyriques : un chef d’une rigueur implacable, nourrie aux leçons du grand Jean Fournet (l’un des maîtres de la baguette en France, tout récemment disparu), que n’empêche pas l’élan et la passion. Précipitez-vous à l’Opéra de Lausanne pour Madame Butterfly, qu’il dirige dans une production de Nicolas Joël.

Vous semblez entretenir des rapports privilégiés avec Puccini. Pourriez-vous les détailler ?
Au fil des ans, j’ai dirigé presque tout Puccini. C’est pour moi l’un des grands parmi les grands de l’opéra. Un grand compositeur tout court ! Chacun de ses ouvrages a sa couleur propre, où le temps scénique est maîtrisé de façon stupéfiante. Oui, j’avoue une vraie passion pour Puccini. Je dois toutefois reconnaître qu’elle est née un peu au gré des circonstances. Cela remonte à La Bohème, que j’avais dirigée à l’Opera North, pour le centenaire de la création de l’œuvre, en 1996. Puis tout a suivi, opéra après opéra. Et ma passion n’a fait que croître.

Jean-Yves Ossonce
photo G. Proust

Et Butterfly ?
C’est un peu un opéra à part. Puccini disait que c’était ce qu’il avait fait de mieux. Et je ne suis pas loin de le penser. Si ce n’est qu’à chaque fois que j’aborde un autre de ses ouvrages, je suis pareillement conquis. J’adore Tosca, que j’ai refait récemment, au départ avec des réticences, me demandant si je ne m’en fatiguais pas... Eh bien non ! Mais j’aime tout autant Bohème… Des œuvres dont on ne fait jamais entièrement le tour. Dans Butterfly, tout est centré sur le personnage principal, d’une émotion musicale indicible : la femme dans toute sa souffrance. Puccini était très porté sur la détresse féminine, et a su admirablement la traduire. Mais c’est oublier les autres rôles ; comme Pinkerton, qui n’est pas aussi simple et détestable qu’il y paraît ; un vrai personnage complexe, dont les facettes sont multiples. Chez Puccini, et dans Butterfly en particulier, rien ne reste en surface. Il faut savoir trouver, approfondir, rechercher les émotions que portent l’orchestre et le raffinement de l’écriture musicale. Le troisième acte de Butterfly est à cet égard exemplaire. Sous la concision, transparaît la plus grande efficacité musicale.

Avez-vous déjà une idée de la mise en scène de Nicolas Joel pour l’Opéra de Lausanne ?

Hiromi Omura/Cio-Cio-San, en répétition
photo : Marc Vanappelghem

Il s’agit de la reprise d’une production que je n’avais pas vue en son temps. Je n’en ai pas, pour l’instant, d’information particulière. Mais j’ai déjà travaillé par le passé avec Nicolas Joel, pour Hamlet et Mignon, et me fais une idée excellente de son savoir-faire. C’est en tout cas un metteur en scène avec lequel je me suis parfaitement accordé.

Après cette production, quels sont vos projets ?
Parmi mes grands objectifs futurs, j’envisage pour les années qui viennent de ressusciter un opéra français complètement oublié, et de le graver sur disque. Ce sera une grande première ! Mais cela reste encore un secret, que je ne dévoilerai qu’en son temps. Ce sera un peu comme pour le Pays, de Ropartz, que j’avais ressorti des limbes par le disque en 2001, pour le reprendre à la scène, à l’Opéra de Tours, en janvier 2008. Cette production a reçu le Grand Prix de la critique, et, je dois reconnaître qu’elle a fait grand bruit. Autrement, pour mes projets plus immédiats, il y a Pastorale, un opéra contemporain de Gérard Pesson, qui sera créé scéniquement au Châtelet en juin par Pierrick Sorin, qui avait réalisé une magnifique Pietra del paragone dans ce théâtre. À Tours, je ferai bientôt Mireille de Gounod, en mai, une œuvre que j’affectionne au plus au point, et Ariane à Naxos en avril. J’aime ainsi panacher des opéras peu ou mal connus, mais qui méritent de l’être mieux, confrontés à d’autres du répertoire.

Propos recueillis par Pierre-René Serna

Représentations les 22 février à 17h00, 25 février à 19h00, 27 février à 20h00, 1er mars à 17h00 : « Madame Butterfly » de Puccini. Sinfonietta de Lausanne, Chœur de l’Opéra de Lausanne, dir. Jean-Yves Ossonce, m.e.s. Nicolas Joël. Salle Métropole (loc. 021/310.16.00)