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A Genève et Ambronay
Entretien : François Rochaix

François Rochaix monte une nouvelle production du Couronnement de Poppée.

Article mis en ligne le septembre 2009
dernière modification le 24 septembre 2009

par Martine DURUZ

Avec les Hautes Ecoles de Musique de Genève/Neuchâtel et Lausanne/ Fribourg, François Rochaix monte une nouvelle production du Couronnement de Poppée de Monteverdi. Entretien.

Tous les chanteurs, à quelques exceptions près, ont été choisis parmi les étudiants, dont certains possèdent déjà beaucoup d’expérience. C’est une histoire de jeunes racontée par des jeunes, dit François Rochaix, une œuvre immorale composée par le musicien à 73 ans ! Au début, la jeunesse dorée entame une discussion sur la question : Qu’est-ce qui dirige le monde ? Amour prétend que c’est lui, et la suite montrera qui a raison. La Vertu, elle, sera rapidement jetée à la poubelle. C’est donc un sujet particulièrement actuel !

Confusion des genres
La musique et le texte sont d’une qualité rare : c’est donc pour le metteur en scène un immense plaisir à la fois artistique et pédagogique de se confronter à ce chef-d’œuvre, dont la réalisation la plus marquante reste pour lui celle de Nikolaus Harnoncourt. Le rôle de Néron sera tenu par une femme, de même que toutes les parties où le choix est possible. Comme toujours dans les écoles, les voix féminines sont les plus nombreuses. Mais cet état de faits plaît au metteur en scène, car le mélange des genres et la confusion des sexes convient à la fois à l’époque de l’œuvre et à la nôtre.
Les jeunes chanteurs sont préparés avec soin. Néron, par exemple, a bénéficié du cours de jeu dramatique donné par François Rochaix à la Haute Ecole et travaillé sur les arguments qu’il oppose à Sénèque lorsqu’il choisit de couper le cordon ombilical avec son tuteur.

François Rochaix

Danielle Borst et Philippe Huttenlocher ont été les maîtres des études musicales. Le jeu de scène est pris en charge par François Rochaix et son assistant Pierre André Gamba. Pendant les cours, les élèves sont invités à proposer leur conception personnelle, mais pour le spectacle bien sûr une structure solide est imposée. Les suggestions sont cependant toujours appréciées et examinées.
La direction sera assurée par Léonardo Garcia Alarcon, à propos duquel François Rochaix ne tarit pas d’éloges. Il dit apprendre avec lui les codes de l’écriture baroque et découvrir la liberté que permet ce genre d’œuvre : par exemple, ajouter des instruments là où cela semble nécessaire, faire revenir le chœur là où il n’était pas prévu, ou emprunter à la version de Naples des parties absentes de la première version de Venise. Il possédait déjà le facsimile de cette dernière qu’il avait étudiée en vue de deux productions qu’il n’avait finalement pas pu monter. La troisième fois a donc été la bonne. Précisons que le manuscrit original, écrit par plusieurs copistes, ne comporte que la seule ligne de basse continue, et la ligne vocale, avec parfois des esquisses de chant à plusieurs voix, mais que le tout est authentifié par des indications et coupures de la main du compositeur.

Collaboration
François Rochaix aimerait aborder avec Léonardo G. Alarcon un opéra de Mozart, Idoménée peut-être, ou Cosi, pour prolonger leur collaboration dans le même esprit. Dans l’immédiat, il devra se concentrer sur Darwin, – dont on fête cette année le bicentenaire de la naissance –, et les deux pièces qui lui sont consacrées : celle de Michel Beretti et celle de Dominique Caillat, commandes de l’Académie Suisse des Sciences Naturelles. Les scientifiques ont participé aux projets et ont été impressionnés par la documentation des auteurs. Les spectacles auront lieu dans les aulas des universités de Suisse romande, à la Grange de Dorigny (Lausanne) et au Collège Saint-Michel (Fribourg). La pièce de D.Caillat sera jouée aussi en allemand à Bâle. Là encore François Rochaix se réjouit d’avoir beaucoup appris ; il a même saisi cette occasion pour se lancer sur les traces du naturaliste aux îles Galapagos. Visiblement, il n’aime pas faire les choses à moitié.

D’après des propos recueillis par Martine Duruz

Le Couronnement de Poppée  :

 2 septembre 2009 au Bâtiment des forces motrices à Genève
 6 septembre au Théâtre du Passage à Neuchâtel
 11 septembre à Bourg-en-Bresse pour l’ouverture du Festival d’Ambronnay

Avec, dans les rôles principaux (double distribution) : Sonya Yoncheva/Clémence Tilquin (Poppée), Marie-Claude Coenjaerts (Néron), Marie Manchon/Carole Meyer (Drusilla), Solenn Lavanant-Linke/Elsa Barthas (Octavie), Alessandro Giagrande (Ottone), Jérémie Boccard/Yannis François (Sénèque), Frederic Caussy/Barnaby Smith (Arnalta).
Orchestre du Centre de Musique Ancienne de la Haute Ecole de Musique de Genève.