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En marge de La Route Lyrique
Entretien : Eva Fiechter

Coup de projecteur sur une soprano pleine de fraîcheur.

Article mis en ligne le juillet 2010
dernière modification le 14 août 2010

par Anouk MOLENDIJK

Entretien avec la jeune soprano Eva Fiechter, dont le caractère et le dynamisme vocal en ont fait une Boulotte très remarquée à l’Opéra de Fribourg. Elle abordera Vespetta du Pimpinone de Telemann lors de la Route Lyrique menée par l’Opéra de Lausanne, toujours avec une fraîcheur traduisant son entrain et sa volonté de partager à tout prix le plaisir du chant.

Quelles études musicales avez-vous suivies ?
Parallèlement au Collège j’ai suivi des cours de piano, de solfège, de théâtre au Conservatoire de Genève, et j’ai fréquenté quelque temps la section professionnelle de chant à Neuchâtel. Mais j’ai décidé d’étudier exclusivement la technique vocale avec Claire Tièche, en privé. J’ai aussi suivi des master-classes en Bulgarie et en Italie avec la mezzo-soprano Alexandrina Milcheva, et Sherman Lowe. J’ai également travaillé mon expression corporelle avec Marie-Claire Stambac, et dans l’atelier lyrique de Pierre-André Gamba. Je m’exerce régulièrement avec le pianiste Xavier Dami, et des coaches de l’opéra de Sofia.

On a pu récemment voir vos débuts sur scène dans le rôle principal féminin de Barbe-Bleue d’Offenbach à l’Opéra de Fribourg…
C’était une magnifique opportunité ! L’Opéra de Fribourg m’a fait confiance immédiatement, et je leur suis très reconnaissante de m’avoir accordé la possibilité de chanter ce rôle important ! Trop souvent comme débutant on est limité à des rôles secondaires ou à être cover… J’ai donc pu réellement me rendre compte de ce qu’était le travail d’un chanteur, ce que l’on n’apprend pas dans les conservatoires ou cours privés… C’était aussi la première fois que je chantais avec orchestre, et ça a été incroyable ! Je me suis sentie enveloppée, portée, et j’ai ressenti beaucoup plus d’énergie pour communiquer avec le public.

Votre second rôle à l’Opéra sera Vespetta de Pimpinone dans une production de l’Opéra de Lausanne…
Oui, cet opéra s’inscrit dans le projet de la Route Lyrique, qui réunit deux œuvres, Pimpinone de Telemann et La serva padrona de Pergolèse. Ce programme, dirigé par le directeur de l’Opéra de Lausanne, Eric Vigié, tournera dans différentes villes du canton de Vaud, aussi à la Fondation Gianadda de Martigny et à l’Opéra de Vichy. Après la tournée de Carmen au Japon, Eric Vigié a décidé de proposer ces deux opéras, aux structures assez mobiles, pour pouvoir aller vers les gens, et jouer dans des lieux qui ne sont pas dédiés à l’art lyrique. Il y aura également des surtitrages car les opéras sont en italien et allemand, afin que les spectateurs aient un meilleur accès aux œuvres.

Vous n’avez pas encore abordé la période des répétitions, mais que pouvez-vous déjà nous dire sur votre approche du rôle ?
Plus je le travaille, plus je l’aime ! La musique est très représentative de l’état des personnages, l’histoire est très drôle : c’est un Don Pasquale qui finit mal ! On peut bien la résumer par cette expression disant que les hommes sont la tête mais que les femmes sont le cou qui leur fait tourner la tête ! Vespetta est manipulatrice et arrive toujours à ses fins, alors qu’elle fait croire à son maître que c’est lui qui prend les décisions. Elle réussit à être tour à tour sa servante, sa femme, et à recevoir une dot de sa part… Mais on n’arrive pas à lui en vouloir, car le maître est très naïf et bête… J’ai beaucoup de sympathie pour cette fille, que je trouve intelligente.

Eva Fiechter

Quelles sont les caractéristiques vocales de ce rôle ?
De prime abord, j’ai trouvé que la tessiture était celle d’un soprano ordinaire, mais en travaillant, je me suis aperçue que la vocalité était très exigeante : beaucoup de passages sont dans le haut-médium, ce qui demande une grande agilité de la voix. Dans une dispute des deux personnages, le tempo est très rapide afin de représenter aux mieux le sentiment, et il faut faire très attention pour garder une diction correcte, une bonne tenue de voix. La musique est très bien écrite, correspond bien aux paroles… J’ai aussi un challenge au niveau linguistique, car cette œuvre alterne entre la langue allemande et italienne.

Qu’attendez vous de la mise en scène d’Eric Vigié ?
J’aime bien arriver sur un spectacle sans idées préconçues pour pouvoir explorer un maximum de pistes possibles. D’Eric Vigié, j’ai pu voir les mises en scènes du Téléphone et d’Amelia al ballo de Menotti, que j’avais trouvées très dynamiques, avec beaucoup de fraîcheur et une belle esthétique. D’ailleurs, je me réjouis aussi beaucoup de travailler avec Benoît Capt, que j’ai déjà rencontré lors d’un concours. J’apprécie sa musicalité, son phrasé, et j’ai hâte de l’entendre dans cet air fameux où Pimpinone singe les discussions entre hommes et femmes, passant de la voix de tête à la voix mixte !

Quelques mots sur vos projets ?
Je vais consacrer l’année prochaine à l’approfondissement de l’étude de mon répertoire, en Italie pour le bel canto, et aussi avec le pianiste Reiner Altdorfer. Je vais également me préparer aux concours et chanterai dans divers concerts sur Lausanne et Genève.

Propos recueillis par Anouk Molendijk

La Route Lyrique, dir. Philippe Béran, m.e.s. Eric Vigié, avec Eva Fiechter et Benoît Capt dans « Pimpinone » de Telemann, et Katia Velletaz, Alexandre Diakoff, Benjamin Kraatz et Csilla Horber dans « La serva padrona » de Pergolèse.
En tournée à Mézières, Gland, Bex, Lausanne, Chillon, Nyon, Aigle, Aubonne, Cully, Renens, Villeneuve, Echallens, Orbe, St-Prex, Martigny et Vichy du 4 juillet au 23 août.
Plus d’informations et réservations sur : www.opera-lausanne.ch