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Opéra de Lausanne
Entretien : Emilio Sagi

Emilio Sagi met en scène l’Italienne à Alger fin novembre à l’Opéra de Lausanne.

Article mis en ligne le novembre 2010
dernière modification le 12 décembre 2011

par Pierre-René SERNA

Emilio Sagi appartient au cercle réduit des metteurs en scène mélomanes. Car c’est la passion de la musique qui a mené ce descendant de grands chanteurs de zarzuelas à se lancer dans la conception d’ouvrages lyriques. D’où une sensibilité proprement musicale qui émaille son théâtre, et qui fait de Sagi l’un des concepteurs les plus appréciés et demandés par les scènes internationales. Son Italienne à Alger à la fin du mois de novembre à l’Opéra de Lausanne, suscite ainsi toutes les attentes.

Apparemment, vous avez un penchant affiché pour Rossini. D’où vous vient cette prédilection ?
Effectivement, j’ai un goût prononcé pour les opéras de Rossini. Cela s’est traduit par différentes mises en scène par le passé, comme le Barbier de Séville, Cenerentola, le Voyage à Reims ou L’Equivoco Stravagante récemment au festival de Pesaro. Je pense que c’est un compositeur très actuel, par son côté théâtre de l’absurde, mais aussi par la structure particulière des œuvres où l’allégresse se lit dans un découpage des plus rigoureux. Rien de plus novateur, de plus proche du théâtre contemporain, que cette “ folie organisée ” !

« L’Italiana in Algeri »
© Teatro Santiago-Chile

Quelle sera l’idée générale de votre Italienne à Alger ?
Je ne vois pas cet ouvrage comme une simple farce. Mais plutôt comme une suite de situations complexes, qui frisent l’absurde tout en laissant place à la vérité des personnages et de leurs motivations. C’est pour cela que j’aurai une conception assez moderne, sans excès toutefois. Il s’agira, avant tout, de mettre en relief la force de l’œuvre.

Emilio Sagi
Photo Jaime Gorospe

Le risque, avec l’Italienne à Alger, est de verser dans des schémas réducteurs où les peuples, arabes et italiens, sont tracés à gros traits. Comme on l’a vu récemment à l’Opéra de Paris. Comment pensez-vous résoudre cette difficulté ?
Il n’y a pas d’intérêt à ridiculiser sur scène tel ou tel personnage, ou, pire encore, tel peuple. Je ne tomberai donc pas dans ce travers. Je n’en vois pas l’attrait personnellement, et surtout, je pourrais même dire que j’y répugne. Malgré le comique de situation, que j’illustrerai évidemment, j’éviterai donc la caricature. Les rôles ne sont pas ceux d’idiots ou de fous, y compris pour le personnage de Mustafa ; mais ceux d’êtres de chair et sang, pourvus de sentiments, avec même une passion vitale très forte. C’est du moins ainsi que je les conçois. Et je suis sûr que c’était aussi l’optique de Rossini.

Et vos projets ? En avez-vous en Suisse ?
Je n’ai pour l’instant aucun autre projet pour la Suisse. Cette production de l’Italienne sera reprise à Santiago du Chili, à Bilbao et à Oviedo, en Espagne. Pour le reste, je monterai une Carmen à l’Opéra de Liège, puis le Barbier de Séville au Châtelet parisien. Suivra Iphigénie en Tauride à Washington, et ensuite un opéra de Mercadante pour le Festival de Salzbourg 2011, sous la direction de Muti, production reprise au festival de Ravenne. Je projette également pour la saison 2011-2012, au Teatro Arriaga de Bilbao dont j’assume la direction artistique, une mise en scène de La corte de Faraón, une zarzuela absolument folle et géniale. On n’est pas si loin des opéras de Rossini !

Propos recueillis par Pierre-René Serna