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Au Théâtre Impérial de Compiègne
Compiègne : Disparition

Pierre Jourdan, directeur du Théâtre Impérial de Compiègne, vient de disparaître en août dernier.

Article mis en ligne le décembre 2007
dernière modification le 21 décembre 2007

par François JESTIN

Acteur, scénariste, réalisateur de télévision, metteur en scène, et directeur du Théâtre Impérial de Compiègne depuis bientôt 20 ans, Pierre Jourdan vient de disparaître en août dernier.

Entré dans le monde de l’opéra en tant qu’assistant de Gabriel Dussurget, au festival d’Aix-en-Provence, on lui doit ensuite les captations filmées aux Chorégies d’Orange des mythiques Tristan et Isolde (Nilsson, Vickers, Böhm en 1973), ou encore de l’exceptionnelle Norma de Montserrat Caballé l’année suivante (les DVD existent chez Hardy Classic). Il rejoint dans les années 1980 Peter Brook aux Bouffes du Nord, et produit entre autres La Tragédie de Carmen, tout en poursuivant ses activités de réalisateur d’émissions (le chant français, l’histoire du festival d’Aix, …) et de metteur en scène. Passionné d’opéra français, il se lance en 1988 dans l’aventure de son Théâtre Français de la Musique.

Pierre Jourdan et Isabelle Vernet (répétitions de “Marie-Magdeleine“ de Massenet en 2004) © Georges Mansart

Le choix se porte alors sur le Théâtre Impérial de Compiègne, construit à l’origine pour l’Impératrice Eugénie. A l’occasion d’une visite de la salle avec le chef Carlo Maria Giulini, et malgré l’herbe qui pousse au parterre, l’acoustique du lieu est en effet jugée d’une qualité extraordinaire. Quelques travaux d’aménagement – le minimum fonctionnel, les moyens financiers ayant toujours été réduits – et l’aventure pouvait commencer.

Le spectateur curieux a ainsi pu goûter (liste non exhaustive) à Grétry, Méhul, Monsigny, Meyerbeer, Halévy, des raretés de Gounod, Bizet, Saint-Saëns et Thomas, ou encore de Auber qui se taille la part du lion avec 5 opéras représentés. Des chefs tels que Christophe Rousset ou Stéphane Denève sont montés au pupitre, et les distributions vocales ont permis de lancer la carrière de certains artistes (Marc Barrard, Isabelle Philippe, Jean-François Lapointe, Anne-Sophie Schmidt, Philippe Do, Matthieu Lecroart) ou de confirmer la valeur d’autres (Ghylaine Raphanel, Jean-Philippe Courtis, Inva Mula, Charles Workman, …).

Au-delà des émotions vécues lors des différents spectacles, plusieurs images me reviennent, comme en 1996, où le TFM célébrait le centenaire de la mort d’Ambroise Thomas en reprenant sa production de Mignon, alors que la programmation de l’Opéra de Paris ignorait superbement cet anniversaire dans le programme de sa saison. Par ailleurs, Pierre Jourdan mettant en scène la grande majorité des productions du TFM, on pouvait – toujours avec le sourire – constater que l’escalier du Déserteur de Monsigny était réutilisé dans le Songe d’une nuit d’été de Thomas, ou encore que les colonnes du Henry VIII de Saint-Saëns se retrouvaient après plusieurs années sur le plateau de la Médée de Chérubini ou de Haÿdée de Auber. C’est que l’argent était compté, et la dernière bataille de Pierre Jourdan – tel un Don Quichotte contre des moulins – fut d’ailleurs menée contre la suppression subite et brutale de la subvention du Conseil Général de l’Oise. Souhaitons maintenant des financements et une longue vie au Théâtre Français de la Musique à Compiègne !

François Jestin