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Baden-Baden : “Isolde“ renouvelée

Quelques mots sur Tristan et Isolde, qui ouvre la saison du Festspielhaus, et sur la saison à venir.

Article mis en ligne le novembre 2007
dernière modification le 29 octobre 2007

par Pierre-René SERNA

Reprise à l’identique de la célèbre production de Glyndebourne, Tristan et Isolde ouvre en fanfare la saison musicale du Festspielhaus de Baden-Baden.

Depuis sa création, en 2003, le Tristan de Glyndebourne a fait beaucoup parler de lui. On disait un renouvellement complet de l’opéra de Wagner, non pas tant pour la mise en scène que pour l’interprétation musicale. Enfin des chanteurs chantants, sans cris ni pose héroïque ! Eh bien ! ce n’est pas encore tout à fait cela. Du moins si l’on en juge par la reprise de Baden, reproduite en tous points de l’original (si ce n’est pour le chœur, épisodique ici).

"Tristan et Isolde". Photo Andrea Kremper

D’entrée, première déception, le Prélude orchestral se fait alangui, alourdi, dans la parfaite tradition pesante qui a ici trop sévi (on est loin de la lecture acerbe d’un Norrington par exemple). Le rideau ouvert, le chant du marin poursuit sur la même voie, avec des temps morts à faire bâiller. Puis, soudainement, tout s’anime. Et le reste de la représentation fera de même (sauf pour le Prélude – décidément – du deuxième acte). Le chef Jiri Belohlavek dirige souvent avec fougue et l’Orchestre philharmonique de Londres distille de belles couleurs, parfois joliment détachées, comme un ici un hautbois ou là un cor. Ouf ! on a eu chaud.
Vocalement, nous passons aussi du chaud au froid. Nina Stemme, que les spectateurs genevois du Grand Théâtre ont déjà goûté dans le même rôle, est immédiatement une Isolde autre, lyrique, attaquant les notes à l’italienne, mais avec des ressources de vaillance emportée au juste moment. Du vrai chant, comme il en est peu couramment dans ce répertoire. Brangaene l’accompagne de même, avec la ligne vocale rarement prise en défaut de Katarina Karnéus. Tristan c’est une autre aventure : Robert Gambill est léger, ce n’est pas un défaut ; si ce n’est qu’il n’en profite pas toujours (comme dans le duo du deuxième acte, bridé qu’il semble par l’aisance de sa partenaire), qu’il force parfois et s’égare à l’occasion dans les notes fausses. Mais il réserve de beaux élans au dernier acte. Stephen Milling est un Marke chevrotant, malgré un timbre chaleureux. Bo Skovhus (vu, comme Gambill, dans le dernier Parsifal du Grand Théâtre) et Stephen Gadd sont eux des parfaits Kurwenal et Melot.
Quant à la mise en scène de Nokolaus Lehnoff, peu à dire. Derrière une tulle omniprésente, un décor caverneux en forme de tire-bouchons, des costumes d’un médiéval pastoral et des gestes absents, ne concentrent guère l’attention. Reste la musique, bien servie dans l’ensemble. Mais de là à parler de révolution…

Pierre-René Serna

La saison à Baden-Baden


Le Festspielhaus de Baden-Baden poursuit sa saison. Les concerts des formations et interprètes les plus prestigieux, émaillent les jours en compagnie d’opéras et de ballets jusque fin juillet. Productions les plus marquantes : Gräfin Mariza, l’opérette de Kalman les 16, 17 et 18 novembre par le Théâtre d’opérettes de Budapest ; du 22 au 28 décembre, le ballet du Mariinski prend possession de la scène ; le traditionnel festival d’hiver propose le Vaisseau fantôme, en provenance du même théâtre, mis en scène par Graham Vick et dirigé par Valéry Gergiev, habitué s’il en est des lieux, les 18, 20 et 22 janvier ; les mêmes offrent l’Affaire Makropoulos le 19 janvier, alors que Jenufa est régi par Vasilij Barhatov (avec Gergiev) le 21 ; le festival de printemps présente Fidelio, avec rien moins que Carsen et Abbado, ce dernier à la tête du Mahler chamber Orchestra, les 3, 5, 8 et 10 mai ; la Compañia nacional de Danza de Nacho Duato s’installe du 21 au 23 mai, et le Nederland Dans Theater du 13 au 15 juin ; enfin, le festival d’été s’attaque à Tannhäuser, dans une production de Nikolaus Lehnoff et sous la direction de Philippe Jordan, avec l’Orchestre symphonique de Berlin les 25, 27, 29 et 31 juillet.
P.-R. S.