Arts-Scènes
Slogan du site

Cinéma Danse Expositions Musique Opéra Spectacles Théâtre

A l’Opéra d’Avignon
Avignon : “Orphée aux enfers“

Cette réjouissante production comble de plaisir tous les spectateurs avignonnais.

Article mis en ligne le mai 2008
dernière modification le 11 juin 2008

par François JESTIN

Créée à Liège, puis reprise récemment à Montpellier, cette réjouissante production comble de plaisir tous les spectateurs avignonnais, même les plus exigeants en termes de qualités vocale et instrumentale.

Le rideau s’ouvre sur la loge de la gardienne du théâtre : Eurydice fait son repassage en regardant une présentatrice à la télé (le rôle de l’Opinion publique), filmée en direct dans une avant-scène. Celle-ci est un clone de Anette Gerlach, le charmant accent allemand en moins, notre animatrice préférée sur la chaîne Arte, qui accompagne – trop rarement, mais toujours avec glamour ! – les soirées d’opéra. Ce démarrage en douceur va crescendo, et la mise en scène de Claire Servais trouve rapidement un rythme débridé, avec beaucoup d’action sur le plateau, et d’occasions de rire, comme à l’arrivée d’Aristée – vendeur de miel – dans sa camionnette bringuebalante. C’est le comique du texte qui dominera lors de la scène plus statique de l’Olympe, bel amphithéâtre aux lumières vaporeuses (décors de Dominique Pichou, éclairées par Jacques Chatelet), puis l’action reprend le dessus jusqu’au tourbillon final du cancan aux Enfers.

« Orphée aux Enfers » avec Magali Léger (Eurydice) et Olivier Grand (Jupiter, déguisé en « gentil bourdon »)
© ACM – Studio Delestrade

A signaler les ballets sportifs et drôles de Barry Collins, et les magnifiques costumes signés Jorge Jara. Les chanteurs prennent un évident plaisir sur scène (une dizaine de rappels en musique au rideau final), et la distribution est d’un très bon niveau, et homogène. La ravissante Magali Léger (Eurydice) brûle les planches, de sa présence lumineuse, sa voix juste et belle, et sa diction très claire ; l’ensemble serait parfait si ce n’était ces quatre ou cinq aigus poussés, désagréables à l’oreille. Le personnage d’Orphée, interprété par Sébastien Droy, est risible, et le chanteur agréable, mais c’est l’autre ténor Loïc Félix (Aristée – Pluton) qui produit le plus grand effet, par sa voix claire, toujours compréhensible. Le Cupidon de Sophie Haudebourg est espiègle à souhait, Vénus (Laurence Janot) très sexy, et Jupiter (Olivier Grand) autoritaire dans l’accent. Clementine Margaine (l’Opinion publique) et Olivier Dumait (Mercure) ont un volume trop réduit, Catherine Dune (Diane) ne présente pas sa meilleure forme vocale, et Jean-Philippe Corre (John Styx) est un excellent diseur, mais bien faible chanteur.

Dominique Trottein semble toujours très attentif à ne pas sacrifier Offenbach sur l’autel du zim boum boum facile, tout en proposant une direction musicale enlevée et vivante.

François Jestin

Offenbach : ORPHEE AUX ENFERS : le 29 mars 2008 à l’Opéra d’Avignon