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A l’Opéra-Théâtre d’Avignon
Avignon : “Manon“

Manon en Avignon : trois prises de rôle - Patrizia Ciofi, Florian Laconi, et Marc Barrard.

Article mis en ligne le avril 2009
dernière modification le 26 avril 2009

par François JESTIN

Après Les Pêcheurs de perles la saison dernière, c’est à nouveau l’Opéra-Théâtre d’Avignon qu’a choisi Patrizia Ciofi pour sa nouvelle prise de rôle.

Très attendue, la soprano italienne semble entrer en scène sur la pointe des pieds, dans la peau de la jeune fille fragile et délicate, qui arrive à l’auberge d’Amiens. Comédienne particulièrement sensible, son aérien « Adieu, notre petite table » est ensuite poignant, mais si les vocalises de la gavotte du Cours-la-Reine sont bien en place, elle n’accroche qu’avec difficulté son aigu final. Visiblement pas au mieux de sa forme vocale – elle paraît très fatiguée à l’issue de la représentation – elle transmet toutefois beaucoup d’émotion pendant la scène de Saint-Sulpice, puis au final de la route du Havre, dans un remarquable français parlé et chanté.

« Manon », avec Patrizia Ciofi (Manon) et Florian Laconi (Des Grieux)
© ACM – Studio Delestrade

Le Chevalier des Grieux est aussi une prise de rôle pour Florian Laconi, et une nouvelle source de satisfaction. Ce répertoire français convient idéalement à sa jolie voix de ténor lyrique, expressive et sonore : un sans-faute qui en fait certainement l’un des meilleurs titulaires actuels du rôle. Le baryton Marc Barrard (Lescaut) – troisième prise de rôle de la soirée – est un régal : timbre riche et bien projeté, une vraie présence.
Aux côtés de ces protagonistes, les rôles secondaires ne sont pas tous de la même veine : Christophe Mortagne (Guillot de Morfontaine) est tout à fait à sa place en ténor de caractère, mais Marcel Vanaud (le Comte des Grieux) est plus agréable en diseur qu’en chanteur, de plus en plus caverneux avec le temps, et Sergeï Stilmachenko (De Brétigny) est trop handicapé par sa maîtrise insuffisante du français.
Il faut saluer le beau travail réalisé par le chef Vincent Barthe, qui dirige une version intégrale de la partition, incluant quelques passages jamais entendus (une scène à Amiens après le départ de Manon et Des Grieux, l’introduction du 2ème acte, …), même si sa direction manque peut-être d’un peu de souffle, de respiration, de relief. Nadine Duffaut reprend sa production montée la saison dernière à Nice (voir SM 204, représentation du 30 mars 2008), qui se laisse revoir avec grand plaisir. Toujours beaucoup de vie et d’action sur le plateau, dans cette mise en scène figurative : décors d’Emmanuelle Favre et superbes costumes d’époque de Katia Duflot.

François Jestin

Massenet : MANON : le 24 février 2009 à l’Opéra-Théâtre d’Avignon