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A l’Opéra d’Avignon
Avignon : “Les Pêcheurs de perles“

L’Opéra d’Avignon présentait “Les Pêcheurs de perles“ de Bizet, le 25 février 2007.

Article mis en ligne le avril 2007
dernière modification le 6 juillet 2007

par François JESTIN

Le public s’est déplacé en masse pour cet « autre » opéra de Bizet, trop rarement représenté de nos jours. L’affiche ne manque pas d’atouts, avec en particulier une distribution vocale très prometteuse. Gros succès au final, même si la réalisation visuelle laisse le spectateur un peu sur sa faim.

Dans une salle archicomble pour les deux seules représentations données par l’Opéra d’Avignon, l’attente du public est visiblement forte et perceptible. Composée par un Bizet de 25 ans, la partition est riche de mélodies, d’une orchestration très variée, et renferme surtout un intense pouvoir d’évocation des plages et temples indiens. Dès l’ouverture, Vincent Barthe, au pupitre, rend hommage à cette musique, en délivrant les tempi justes, variant les rythmes, et s’appliquant à ne pas couvrir les voix. Ce dernier souci est louable, le volume de certains solistes ayant parfois un peu de mal à remplir l’espace du théâtre, à commencer par celui du ténor. Antonio Figueroa (Nadir) possède en effet une voix délicate et d’une ligne élégante, mais d’une bien modeste épaisseur naturelle. Il fait sensation dans son « Je crois encore entendre… », air à l’accompagnement orchestral minimaliste, en faisant preuve d’une réelle musicalité et émettant de beaux aigus filés en voix de tête. Certains spectateurs – à l’étonnement général toutefois – réclament le bis (non accordé !). Ses autres passages sont nettement moins marquants : agréable dans certains duos, il devient inexistant vocalement dans beaucoup d’ensembles, son personnage ayant tendance à passer au deuxième plan.

Les Pêcheurs de Perles : Marcel Vanaud (Zurga), Nicolas Testé (Nourabad), Antonio Figueroa (Nadir) et Patrizia Ciofi (Leïla) © ACM – Studio Delestrade

A peu près à l’exact opposé, le baryton Marcel Vanaud (Zurga) est franchement sonore et autoritaire, même si le timbre paraît fatigué, et certains aigus sont douloureux à l’oreille. Les interventions de la basse Nicolas Testé (Nourabad) sont par ailleurs toujours volumineuses et bien timbrées. Pour compléter le plateau, Patrizia Ciofi est distribuée en Leïla, ce qui marque ainsi une nouvelle prise de rôle pour la soprano italienne. Musicalité constante, agilité dans les passages fleuris, remarquable diction du français – comme celle des trois protagonistes précédents, faut-il le préciser – Ciofi apporte un véritable supplément d’âme à la représentation. Elle vit le drame de l’intérieur, et ses moments élégiaques sont un vrai bonheur, à commencer par son air « Comme autrefois… » du 2ème acte.

Devant tant de richesses orchestrale et vocale, l’œil est cependant un peu moins à la fête : point de plage de rêve, luxuriante forêt, riche temple, ou simplement ses ruines ! Le metteur en scène Nadine Duffaut a fait le choix – qui peut être discuté pour une telle œuvre qui verse dans l’exotisme – d’un plateau nu, avec toiles peintes assez pâles en fond de scène, et ajout de simples voiles aux actes 2 et 3. Cette sobriété, qui paraît un peu austère par moments, n’est pourtant pas le principe retenu pour la gestuelle des solistes et choristes : la composante indienne de la mise en scène semble être ainsi concentrée dans les mouvements des mains et bras, et peut même être ressentie comme un excès de moulinets et mouvements synchronisés au 1er acte. Les ballets plus authentiquement « à l’indienne », chorégraphiés par Maria Kiran et Eric Belaud sont en revanche applaudis sans réserve par le public, et tout particulièrement la performance de la danseuse soliste Maria Kiran. Le spectacle étant en coproduction avec d’autres théâtres, et malgré ces petites réserves, ne le ratez pas lors de son passage à Tours (mai 2007), puis Metz, Vichy, Reims !

François Jestin

Bizet : LES PECHEURS DE PERLES : le 25 février 2007 à l’Opéra d’Avignon