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A l’Opéra d’Avignon
Avignon : “La Poule noire“ & “Rayon des Soieries“

Programmation de deux œuvres rarissimes de Manuel Rosenthal.

Article mis en ligne le février 2007
dernière modification le 19 juin 2007

par François JESTIN

Grosse prise de risque assumée par l’Opéra d’Avignon, qui a choisi de programmer ces deux œuvres rarissimes de Manuel Rosenthal. Le public, malheureusement venu en petit nombre, salue chaleureusement ces deux petits bijoux.

La Poule noire - Sarah Vaysset (Constance) et Pierre Espiaut (Berbiqui)
© ACM – Studio Delestrade

Le maître d’œuvre de cette résurrection est d’abord Mireille Laroche, qui a pris l’initiative de monter la saison passée le spectacle à la Péniche-Opéra, véritable institution parisienne qu’elle a créée en 1982. Mais alors que la scène minuscule de la Péniche-Opéra ne permet que des représentations de
« salon », le plateau avignonnais autorise le déploiement de nombreux choristes, et la venue dans la fosse d’un orchestre au complet. Composée pour l’exposition universelle de 1937, “La Poule noire” expose le veuvage, d’abord douloureux et quasi intégriste, de Constance (la soprano Sarah Vaysset), qui se relâche finalement après les assauts répétés du séducteur Berbiqui (Pierre Espiaut), et surtout la découverte d’anciens courriers du défunt, s’enflammant pour une certaine « Loulou ». D’emblée, tout est noir sur scène – sol, paravents, costumes, piano – puis on fait astucieusement pivoter certains éléments du décor, plus délicieusement amusants les uns que les autres. Le texte du livret, écrit par Nino, est parfaitement dit et bien chanté, la distribution étant complétée par Sophie Haudebourg (Madeleine) et Lionel Peintre (Lajoie).
Ce rythme jubilatoire n’est cependant pas maintenu par “Rayon des Soieries”, pièce commandée en 1930 par les Galeries Lafayette. Au rayon-phare de l’époque, le vendeur Gaston (Marc Mauillon) peine à réaliser ses objectifs de chiffres d’affaires, et sa collègue – et fiancée – Colette (Sophie Haudebourg) lui en tient rigueur. Le passage d’une cliente fortunée – la Reine des Îles Aloha distribuée à Ruxandra Barac, dont la diction du français est très perfectible, et qui dépense sans compter (le rôle de Monsieur Comptant, le caissier, est d’ailleurs tenu par Jean-Claude Calon) – finira par tout arranger. Les nombreux dialogues ne sont toutefois pas aussi piquants que ceux de la Poule, et l’ennui gagnerait presque le spectateur, si ce n’était à nouveau le tourbillon scénique de Mireille Larroche : déroulement des soieries, vrais-faux mannequins, élégantes danseuses, …, tout cela sur la jolie et très originale musique – parfois nettement jazzy d’ailleurs – de Rosenthal, dirigée avec talent par Dominique Trottein.

François Jestin

Rosenthal : LA POULE NOIRE / RAYON DES SOIERIES : le 2 décembre 2006 à l’Opéra d’Avignon