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A l’Opéra d’Avignon
Avignon : “La Bohème“

L’Opéra d’Avignon offrait une version remarquable de l’œuvre de Puccini.

Article mis en ligne le mars 2008
dernière modification le 21 mars 2008

par François JESTIN

Un vent d’est souffle sur l’Opéra d’Avignon, non pas un blizzard pourtant bien dans le ton de l’œuvre de Puccini, mais un vent plus lointain, d’extrême Orient : la Mimi japonaise et le Rodolfo coréen sont absolument remarquables ce soir.

Il y eut Pavarotti et Freni, puis Alagna et Gheorghiu, et l’enthousiasme aidant, on serait tenté de mettre Alfred Kim (Rodolfo) et Rié Hamada (Mimi) à la suite. Ce ténor asiatique possède non seulement les moyens, mais maîtrise également le style du rôle. Les aigus sont insolents, le souffle très long, et il paraît complètement à l’aise sur scène en jouant naturellement. Hamada chante dans un style plus effacé et discret, qui convient parfaitement à Mimi, et vit son rôle de l’intérieur en procurant beaucoup d’émotion, en particulier dans son grand air du III, puis à l’acte IV.

“La Bohème“
Alfred Kim (Rodolfo) et Rié Hamada (Mimi)
© ACM – Studio Delestrade

Le reste de la distribution n’est pas à la hauteur de ces deux artistes : mis à part la belle basse d’Eric Martin-Bonnet (Colline), Jean-Sébastien Bou (Marcello) est sonore et bien chantant dans l’aigu et le medium, mais n’a pas les graves du rôle, et Sergeï Stilmachenko (Schaunard) est plutôt faible. La plus grande déception vient de Karen Vourc’h (Musetta), qui n’a le rôle « ni dans la gorge, ni dans les jambes ». Vocalement, le chant manque d’abattage, et d’aigus parfois (de nombreux « hum hum » du public après un aigu très en-dessous), et physiquement la belle Karen n’est pas aguicheuse ni allumeuse pour un sou.

Dans la baguette de Luciano Acocella au pupitre, on comprend toutes les intentions de variations du volume, de ralentis ; il n’hésite pas à faire sonner les cuivres ou le piccolo. Après une mise en place vocale un peu laborieuse des chœurs au début du II, la qualité devient bien appréciable, y compris pour le chœur des enfants.
La production de Gilles Bouillon, après avoir été donnée à l’Opéra de Tours, situe l’action dans le Paris des années 1950 – 1960, avec des références cinématographiques explicites, comme le projecteur présent tout au long du spectacle, ou encore des affiches de film de Jean-Luc Godard.

On reste un peu circonspect au lever de rideau du 1er acte : la chambre des bohèmes est une sorte de grande guérite au centre du plateau, avec un escalier adjacent. La sensation de froid ne passe pas chez le spectateur, surtout avec le projecteur en marche. Ce point faible deviendra un atout à l’acte IV, où la chambre sera totalement déstructurée, avec la guérite en fond de scène, l’escalier à jardin, un fauteuil pour Mimi à l’avant-scène.

Le traitement des actes II et III est traditionnel et réussi, mais on pourra rester plus réservé sur les costumes, en particulier la veste bleue sur sweat rouge orangé de Rodolfo.

François Jestin

Puccini : LA BOHEME : le 29 novembre 2007 à l’Opéra d’Avignon