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A l’Opéra d’Avignon
Avignon : “L’Elisir d’Amore“

La production de Davide Livermore procure toujours autant de plaisir.

Article mis en ligne le avril 2008
dernière modification le 30 avril 2008

par François JESTIN

La production de Davide Livermore commence a être bien connue dans le sud de la France, puisqu’elle a été montée la saison dernière à Montpellier (voir chronique dans SM 192), puis à Toulon.

Aucun signe d’ennui pourtant lors de cette troisième vision sur la scène avignonnaise, mais au contraire beaucoup de plaisir à sourire et rire à nouveau, ou découvrir de nouveaux détails, ce qui montre la richesse de la mise en scène, toujours aussi drôle, intelligente et poétique.
Une scène parmi d’autres : avant le finale débridé de l’acte I (avec ola générale, bien en rythme !), les chanteurs et acteurs se meuvent au ralenti pendant l’air de Nemorino, qui supplie Adina d’attendre encore une journée avant d’épouser Belcore (délai escompté pour que le fameux élixir fasse son effet !). L’action suspend ainsi son cours, comme une mise entre parenthèses.

« Elisir d’amore », avec Florian Laconi (Nemorino) et Amel Brahim-Djelloul (Adina)
© ACM – Studio Delestrade

Qualité musicale
Deuxième bonheur, le chef Roberto Rizzi-Brignoli permet de goûter à une rare qualité musicale. Le son de la fosse est superbe, et les solistes sont appliqués (les vents en particulier, très exposés pendant l’ouverture, ou sur l’air de Nemorino : hautbois, flûte, basson). Le chef varie les nuances forte / piano, quitte parfois à nettement ralentir le tempo, et s’éloigner alors des classiques accents de classique marche militaire (entrées de Belcore, puis Dulcamara) ; un grand merci enfin pour la reprise du finale dans le duo Nemorino / Dulcamara « Ah ! Dottor, vi do parola… », jamais entendue (sauf trou de mémoire !).
Cette maîtrise est également présente chez les chœurs, particulièrement bien préparés pour ce qui concerne le rythme et la prononciation. Le couple Florian Laconi (Nemorino) et Amel Brahim-Djelloul (Adina) est fort crédible visuellement : un vrai paysan sous l’emprise de l’alcool, en compagnie de la plus belle fille du village. Le timbre du ténor est puissamment projeté et ensoleillé, même si la justesse rencontre épisodiquement de petites faiblesses, alors que la musicalité de la soprano n’est jamais mise en défaut. En dépit du volume réduit de la belle Amel, on apprécie l’étendue entre aigus et graves, ainsi que le style plein d’abattage et de mordant. Les deux autres protagonistes Armando Noguera (Belcore) et Franck Leguerinel (Dulcamara) sont en deçà, avec un timbre un peu vert pour le premier, et un style peu belcantiste, une sorte de « parlando en force » pour le second, les deux ne délivrant pas tous les graves de la partition. L’impression générale de la soirée reste un enchantement, mais dommage vraiment (et assez incompréhensible !) de ne pas voir une salle comble pour un tel spectacle.

François Jestin

Donizetti : L’ELISIR D’AMORE : le 11 mars 2008 à l’Opéra d’Avignon