La soprano Inva Mula reste particulièrement attachée à l’Opéra-Théâtre d’Avignon et à son conseiller artistique Raymond Duffaut, qui la fit débuter ici-même en 1994 dans Traviata.

Bellini (I Capuleti e i Montecchi) et Donizetti (Il Duca d’Alba, Don Pasquale) sont au programme de la 1ère partie, en démarrant par une émouvante Giulietta aux aigus filés. Elle trouve en revanche rapidement ses limites dans le rôle de Norina, où les passages rapides ne sont pas toujours attaqués parfaitement, et les vocalises pas assez marquées. A l’instar de sa prise de rôle en 2005 dans Elvira (I Puritani), qui n’avait convaincu qu’à moitié, le belcanto pur ne convient pas idéalement à ses moyens actuels. La voix s’est en effet nettement élargie au cours des années, et elle excelle aujourd’hui dans des emplois plus lourds, comme justement ceux de la 2ème partie. Comme à Orange l’été dernier, sa Marguerite (du Faust de Gounod) est admirable : diction délicate, projection, et une expressivité qui l’amène poings serrés et genoux pliés à la fin de l’air des Bijoux. Massenet la trouve également à son meilleur, avec une Manon et une Thaïs (qu’on attend avec une extrême impatience à Avignon pour 2011 !) chargées d’une forte émotion ; son aérien « Adieu, notre petite table » semble suspendu dans l’air. Retour de l’italien en fin de programme avec un grandiose «  E strano…  » de Traviata, même si quelques passages d’agilité sont inconfortables, et « Les Filles de Cadix », puis Manon à nouveau en rappels.

Le chef Paolo Arrivabeni, aux commandes de l’OLRAP, ne semble pas apporter autant d’application à chaque extrait : très investi par exemple dans Traviata, il l’est beaucoup moins dans Massenet.

François Jestin

Concert Inva MULA : le 12 décembre 2008 à l’Opéra d’Avignon