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Opéra d’Amsterdam
Amsterdam : “Castor et Pollux“

L’Opéra d’Amsterdam proposait Castor et Pollux, dans une production de Pierre Audi.

Article mis en ligne le avril 2008
dernière modification le 26 février 2008

par François JESTIN

La production de Pierre Audi choisit d’emblée la stylisation et penche souvent vers le minimalisme. Le principal dispositif scénique est un grand panneau blanc bardé de poutraisons obliques, avec une ouverture pentagonale en son centre, qui permettra entre autres le passage vers les enfers.

Certes les superbes éclairages de Jean Kalman, souvent accompagnés de fumée, produiront de belles images, mais on retient globalement une mise en scène impersonnelle et un peu passe-partout, qui pourrait tout aussi bien convenir à un Tristan et Isolde par exemple.

Castor et Pollux

L’essentiel des entrées et sorties des personnages se fait à partir de l’orchestre en cheminant jusqu’au plateau sur un plan incliné, le port altier dans une attitude hiératique. Mais ce hiératisme installé finit par laisser filer beaucoup de tension dramatique. C’est curieusement au début de l’acte III, lors de la confrontation des dieux Jupiter et Pollux, que l’intensité est au plus haut, moment traité « sans chichis », comme un simple face-à-face « humain ».
Les ballets sont par ailleurs très nombreux dans la partition, et le chorégraphe Amir Hosseinpour propose une vision moderne, avec moult mouvements saccadés, comme d’autres avant lui dans Rameau (Les Boréades à Garnier, ou Les Paladins au Châtelet).

Côté voix, le plateau féminin est un délice : Anna Maria Panzarella (Télaïre) et Véronique Gens (Phébé) ont chacune de belles qualités de timbre et de diction, ainsi qu’un vrai style baroque, avec ces quelques sons fixes au démarrage. La jeune Judith van Wanroij (Cléone, une suivante, …), remarquée l’été dernier au festival d’Aix – dans Les Madrigaux de Monteverdi (voir le compte-rendu dans Scènes Magazine 197) – est aussi promise à un bel avenir.
Chez les hommes, c’est le baryton Henk Neven (Pollux) qui produit la plus grande satisfaction : autorité, phrasé, projection, bon français, et même quelques accents de Hampson dans la voix. Le ténor Finnur Bjarnason (Castor) est plus confidentiel, avec un timbre assez ingrat, et qui tendrait à perdre parfois la justesse. On remarque le second ténor Anders J. Dahlin (un Spartiate, Mercure, …), dans sa courte mais très difficile apparition (fin du II), tandis que Nicolas Testé (Jupiter) assure parfaitement sa partie.

Christophe Rousset au pupitre veille constamment à équilibrer les volumes du plateau et de l’orchestre, quitte à demander des piani subiti à son ensemble des Talens lyriques.
L’acoustique de la salle, sans véritable fosse ni renvoi du son, n’est effectivement pas favorable au baroque, en produisant un petit volume, mais le chef déploie son énergie habituelle - et son talent ! – pour donner vie à cette si délicieuse musique.

François Jestin

Rameau : CASTOR ET POLLUX : le 19 janvier 2008 à l’Opéra d’Amsterdam