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Théâtre de Vidy, Lausanne
Vidy-Lausanne : “Hamlet“ selon Valentin Rossier
Article mis en ligne le février 2007
dernière modification le 18 octobre 2007

par Frank DAYEN

On se rappelle l’extraordinaire “Grand cahier“ à Vidy en 2004, et aussi, cinq ans plus tôt, “Rosencrantz et Guildenstern sont morts“ au Poche. Aux planches du théâtre au bord de l’eau, Valentin Rossier offre sa folle version de “Hamlet“, avec l’Helvetic Shakespeare Company.

« Il s’agit d’une pièce créée il y a 12 ans au Théâtre du Loup, commence humblement Valentin Rossier. C’est un peu un luxe, car nous avons déjà éprouvé ce spectacle devant de nombreux spectateurs. » Et le metteur en scène de rappeler une des particularités scéniques de son “Hamlet” : la scène divise le théâtre en deux gradins de public. Au milieu, un couloir, où les comédiens déambulent, comme cherchant la sortie. De chaque côté, des rideaux rouges qui ne s’ouvrent pas, mais s’entrouvrent pour laisser entrer et sortir les artistes. Rideaux derrière lesquels on se cache, on chuchote. Comme le couloir de la pensée, de la réflexion, de la folie. « Oui, il y a quelque chose du couloir d’asile psychiatrique. » La folie, fil conducteur de la pièce de Shakespeare : Ophélie folle, Hamlet feignant la folie. « Le héros singe la folie pour gagner du temps, fait remarquer Rossier, car la nouvelle situation (le remariage de sa mère, juste après les funérailles de son père) est trop soudaine. D’autre part, ce n’est pas dans sa nature d’intellectuel de se venger à chaud. L’étudiant Hamlet se situe du côté de la réflexion, il gamberge. Tandis que les hommes du château d’Elseneur ont une mentalité médiévale, ils agissent… La folie dont Hamlet se montre affecté lui permet, grâce au faux, de découvrir la vérité : le masque permet de démasquer. »

Valentin Rossier et son “Hamlet“

Inutile de préciser ce qui a intéressé le directeur de l’Helvetic Shakespeare Company dans “Hamlet” : le théâtre dans le théâtre (un frère en cache un autre, une mère en cache une autre, un fils en cache un autre, le spectacle mis en abyme…), l’aspect contemporain de la pièce (« A partir du moment où elle est philosophique, la pièce nous parle forcément aussi de notre époque »), la mort des tragédies, mais aussi le rire. « Ma lecture d’“Hamlet” s’apparente à du cynisme humoristique. C’est pour moi une tragi-comédie. Tout comme la folie peut être triste ou drôle. D’ailleurs, certaines situations sont comiques : Polonius est le clown de la pièce. Si notre troupe a monté “Othello”, “Roméo et Juliette”, “Jules César”, “Le Roi Lear”…, c’est parce que la tragédie nous attire plus que la comédie. Il y a de la comédie dans la tragédie, rarement l’inverse. Et puis j’aime la mort, le sang au théâtre. Le spectateur tragique doit être tiraillé durant la pièce. Et je préfère faire rire avec des choses tristes. » « To be or not to be… Don’t worry, be happy ! »

Propos recueillis par Frank Dayen

“Hamlet” par l’Helvetic Shakespeare Company, du samedi 6 au vendredi 23 février, m.e.s. Valentin Rossier. Chapiteau Vidy-L., à 20h, di à 17h, relâche lundi (loc. 021/619.45.45)