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Pulloff théâtres, Lausanne
Lausanne, Pulloff : Primo Levi par Philippe Lüscher

Le Pulloff Théâtres offre deux récits de Primo Levi - Si c’est un homme et La Trève -, portés à la scène par Philippe Lüscher.

Article mis en ligne le mai 2007
dernière modification le 4 novembre 2007

par Magali JANK

A l’affiche du Pulloff Théâtres du 8 au 20 mai, deux récits autobiographiques de Primo Levi, portés brillamment à la scène par Philippe Lüscher, après son passage en mars dernier à la salle communale J.J Gautier de Chêne-Bougeries.

Si c’est un homme, créé en 2005 puis repris au Théâtre du Grütli en 2006 et La Trève, présenté en création, témoignent en deux temps du terrible vécu de l’écrivain Primo Levi lors de sa déportation de 1943 : d’abord le camp, puis son long voyage de plusieurs mois aux côtés de l’Armée Rouge jusqu’à son retour en Italie.

Philippe Lüscher © Carole Parodi

Comment aborder l’inabordable, comment comprendre l’incompréhensible ? En tant que juif italien résistant, le témoignage de Primo Levi est essentiel. Dans Si c’est un homme, il décrit avec beaucoup de précision et de minutie le fonctionnement du camp, les difficultés de la vie quotidienne et les astuces pour survivre. Le Häftling nous emmène au cœur de son vécu et décrit l’état d’esprit qui régnait dans les Lager, rendant compte du processus de déshumanisation que subissaient les déportés. Les mots sont certes insoutenables, mais témoignent cependant d’un certain détachement. N’exprimant ouvertement ni révolte, ni souffrance, ni complaisance, les faits sont relatés comme une délivrance, un salut nécessaire. C’est sans doute ce qui fait la force incroyable de ce texte. Primo Levi consacra la majorité de son œuvre à ce passé visiblement trop lourd, le menant probablement au suicide en avril 1987.

A travers sa mise en scène, Philippe Lüscher est saisissant de profondeur. La simplicité et la sobriété semblent être les atouts majeurs de son jeu. En effet, seul et quasiment immobile sur scène, il parvient remarquablement à rendre compte de l’impuissance que devait être celle de Primo Levi face à son destin. Seuls quelques gestes des mains ponctuent certaines phrases. Néanmoins, l’immobilité de Lüscher est loin de figer le récit. Au contraire, elle le rend d’autant plus réel et vivant, privilégiant ainsi sa force. Force également mise en valeur par la simplicité de l’éclairage. D’une obscurité totale, on passe à un halo de lumière, saisissant l’instant poignant du monologue. A travers La Trève, Philippe Lüscher parviendra à en émouvoir sans doute plus d’un, en se mettant au service d’un texte empreint de plus d’optimisme, puisqu’il revient, sur fond de chaos d’après-guerre, sur les rencontres de Primo Levi avec les hommes venus libérer le camp le 27 janvier 1945.

Magali Jank

Du 8 au 20 mai, au Pulloff Théâtres, Lausanne
Réservations au 021 311 44 22 ou
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