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Sélection danse : Théâtre de la Ville
Paris, danse : William Forsythe

Le Ballet de l’Opéra de Lyon présentait trois ballets de William Forsythe créés entre 1991 et 2000.

Article mis en ligne le juillet 2009
dernière modification le 13 juillet 2009

par Stéphanie NEGRE

Le Ballet de l’Opéra de Lyon a présenté du 7 au 16 avril 2009 au Théâtre de la Ville trois ballets de William Forsythe créés entre 1991 et 2000, chacun sur une musique de Thom Willems. Dépourvues d’argument, ces trois pièces montrent trois étapes dans la réflexion chorégraphique de celui qui fut pendant vingt ans directeur du ballet de Francfort et qui est depuis 2004 à la tête de sa propre compagnie.

Second Detail
Créée en 1991, Second Detail offre la quintessence du vocabulaire chorégraphique néo-classique de William Forsythe, dans la lignée de son maître au ballet de Stuttgart, John Cranko.

« Second Detail »
Photo Michel Cavalca 

Quatorze danseurs vêtus de sobres justaucorps d’un gris métallique évoluent sous nos yeux à un rythme effréné. Les solos, pas de deux, pas de trois se succèdent, se superposent avec en toile de fond, une rangée de chaises. Les danseurs viennent s’y asseoir tour à tour, à l’instar d’une répétition. Cette impression de compagnie au travail est renforcée par les trois lettres posées sur le devant de la scène : « THE », telle une annonce de la représentation future dans un décor en cours de montage.
On retrouve dans Second Detail l’utilisation de l’éclairage oblique alors que les danseurs exécutent des mouvements de bras et jambes répétitifs comme automatiques, caractéristiques des œuvres de l’Américain depuis Artifact en 1984. Sous l’incidence si particulière de l’éclairage, un halo lumineux se dégage des corps, parenthèse magique au sein de l’effervescence. Au final, une danseuse jaillit des coulisses, pieds nus et vêtue d’un drapé d’Issey Miyake, s’élance au milieu du groupe dans une danse de séduction. Le contraste est total avec les autres interprètes. L’intruse finit par se jeter par terre, les bras en croix, le rigoureux ballet définitivement ébranlé.

Duo
Cinq ans séparent Second Detail de Duo, opus d’une dizaine de minutes pour deux danseuses. Dans la pénombre, vêtues de justaucorps en voile noir, celles-ci évoluent en miroir, sur une musique plus lente que précédemment. William Forsythe explore ici le jeu entre équilibre et déséquilibre et le dialogue entre les corps. Avec ses danseuses, debout au début, au sol à la fin, sur cette scène à peine éclairée, il semble nous livrer ses propres questionnements sur les rapports intimes entre deux êtres. Duo est-il vraiment un moment de dialogue et d’échange ? N’est-il pas plutôt, avec ces symétries qui font songer à la copie, une vision de la prédominance d’un être sur un autre ?

One Flat Thing, reproduced
Changement radicale de scénographie avec One Flat Thing, reproduced, créé en 2000, et sa dizaine de tables qui occupent le plateau scénique.

« One <flat Thing, reproduced »
Photo Michel Cavalca 

William Forsythe crée un ballet autour de ces obstacles dont la danse va s’accommoder, se jouer. Habillés en sportswear, les danseurs traversent la scène en contournant les tables ou passant par-dessus. Les tables s’incrustent dans les pas de deux pour des parties à trois où les mouvements des interprètent se diffractent en plusieurs plans, la tête, le buste et les bras en haut, les jambes en bas. Les scènes de groupe se jouent simultanément, sur un rythme qui va s’accélérant sur toute l’œuvre. Les symétries se créent, pour disparaître et se retrouver plus loin, de manière transversale. En rupture avec les précédentes, One Flat Thing, reproduced marque les premières incursions théâtrales de William Forsythe dans son travail.
Les musiques ayant été écrites par le même compositeur spécialement pour ces ballets, il est intéressant de voir dans ces trois œuvres les correspondances entre l’évolution des deux créateurs dans leurs arts respectifs.
Avec Second Detail, Duo et One Flat Thing, reproduced, le Ballet de Lyon nous remémore trois pièces maîtresses du chorégraphe américain sur la période précédent l’aventure de la Forsythe Company.

Stéphanie Nègre