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Le Capitole de Toulouse
Toulouse : “Dialogues des Carmélites“

L’Opéra reprenait à la Halle aux Grains Les Dialogues des Carmélites dans la conception de Nicolas Joel.

Article mis en ligne le février 2010
dernière modification le 24 février 2010

par François LESUEUR

A Toulouse, splendide reprise des Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc, dans une production créée en 1995, entièrement renouvelée pour l’occasion et dirigée par Patrick Davin.

Conçus par Nicolas Joël en 1995 pour la Halle aux grains, ces Dialogues des Carmélites ont tout naturellement retrouvé leur écrin d’origine, au moment où la saison du Capitole se fait hors les murs, en raison d’importants travaux. Avec ces images austères et dépouillées, dominées par une structure unique composée d’arches gothiques et de lames de guillotines, ces déplacements calibrés et finement éclairés par Allain Vincent, l’histoire de la délicate Blanche est parfaitement illustrée. Fluide, l’action trouve son rythme et sa respiration entre les murs d’un carmel et le Paris agité par la Révolution Française.

Distribution
Comme l’héroïne, incapable de supporter la tension de ce monde qu’elle ne pense qu’à fuir, le public ressent l’inquiétude, puis la paix rassurante du couvent. La discipline, la prière et le silence sont cependant de courte durée, le fragile refuge étant bientôt envahi et ses habitantes délogées pour être guillotinées. Dirigés avec goût et sobriété par Stéphane Roche – à l’exception de l’intrusion des révolutionnaires et du peuple dans la salle lors du procès des sœurs ! – les interprètes tous très impliqués, font preuve d’une magnifique cohésion d’ensemble. Nicolas Cavallier (Marquis de la Force), Gilles Ragon (Le Chevalier), Yves Boudier (Monsieur Javelinot), Léonard Pezzino (L’aumônier) chantent et jouent avec conviction, tous imperceptiblement gagnés par la peur, tandis que notre attention se porte sur les carmélites dont l’intimité nous est en partie dévoilée.

« Les Dialogues des Carmélites » de Francis Poulenc dans la mise en scène de Nicolas Joel
© Patrice Nin

Figure centrale aussi imposante vocalement que scéniquement, la Prieure de Sylvie Brunet restera certainement dans les mémoires. Voix d’ambre, longue et profonde, récit autoritaire, personnalité frémissante, son agonie est l’une des plus accomplies qu’il nous ait été donné de voir. Sophie Marin-Degor (Blanche) dont l’instrument s’est considérablement étoffé, manque de liberté dans le registre aigu, souvent contraint, mais son personnage est tenu avec fermeté, sensibilité et une belle rigueur stylistique.
Jolie performance d’Anne-Catherine Gillet, Sœur Constance vive et spontanée, de Catherine Alcovero (Sœur Mathilde) et de Qiu Lin Zhang (Mère Jeanne), mais quelques réserves sur la prestation d’Isabelle Kabatu, Mme Lidoine à l’aigu arraché et à la ligne instable, ainsi que sur celle de Susanne Resmark (Mère Marie) trop souvent prise en défaut avec la langue française.
Patrick Davin aux commandes de l’Orchestre National et des très beaux chœurs du Capitole, accompagne ce drame avec rectitude, discipline et émotion. Habitué à diriger les grandes partitions contemporaines (Boesmans, Jarrell et Berio), sa lecture aux lignes puissantes et aux traits virtuoses, respectueuse du langage mélodique de Poulenc, est en tout point passionnante.

François Lesueur

Toulouse Halle aux grains 6 décembre 2009 : « Dialogues des Carmélites » Poulenc