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Opéra de Nice
Nice : “Lakmé“

L’Opéra de Nice présentait Lakmé, de Delibes, dans la production montée par Jean-Louis Pichon en 2007.

Article mis en ligne le mai 2009
dernière modification le 9 juin 2009

par François JESTIN

Spectacle de belle tenue à l’Opéra de Nice, pour cet ancien fleuron du répertoire français.

Si la création de Lakmé, en 1883 à l’Opéra-Comique, rencontra un énorme succès, et que l’œuvre se maintint durablement à l’affiche jusque dans les années 1960, elle fut déclarée ringarde par la suite, et ses représentations sont aujourd’hui à peu près inexistantes à l’étranger, et au moins très rares sur les scènes francophones.
Nice accueille la production montée par Jean-Louis Pichon à Saint-Etienne en 2007, très efficace malgré l’économie évidente des moyens déployés. Des casques coloniaux et quelques drapeaux Union Jack – sur les parapluies, carnet à dessin, guérite – suffisent à caractériser les Anglais, tandis que les Indiens sont vêtus d’amples tissus dans les tons orange (costumes de Frédéric Pineau). Les décors d’Alexandre Heyraud sont de style naïf avec des feuillages peints sur plusieurs panneaux entourant le cadre de scène, et les accessoires et mobilier sont comptés : quelques pierres et représentations de divinités hindoues, et pour la scène du marché, les étals sont mis en place, puis rapidement remballés.

« Lakmé »
© Opéra de Nice

Les chanteurs disposent ainsi d’un bel espace sur le plateau, et c’est Elisabeth Vidal dans le rôle-titre qui en tire le meilleur parti. La soprano française réussit à gérer, et parfois surmonter, ses sérieux problèmes vocaux – confidentielle, sinon inaudible, dans le medium, le grave est plus parlé que chanté – et elle compose un personnage crédible, une délicate et maniérée Lakmé. Si sa voix paraît abîmée aujourd’hui, il faut reconnaître que sa musicalité est encore intacte dans l’aigu, ce qui lui permet de recueillir des applaudissements nourris pour l’air des Clochettes. Le ténor Leonardo Capalbo est malheureusement distribué parfaitement à contre-emploi en Gérald : mauvaise diction française, timbre riche mais peu clair, et un style où on recherche en vain les passages élégiaques, sauf peut-être au 3ème acte, où allongé à la suite du coup de poignard qu’il a reçu, les choses s’arrangent un peu … vocalement. Autre point noir à signaler, la Mallika de Claire Brua, timbre ingrat qui ne met pas en valeur le duo des Fleurs.
Les tessitures plus graves amènent en revanche d’agréables satisfactions : Marc Barrard (Nilakantha) délivre une véritable leçon de chant, avec des mots ciselés dans un remarquable français, des sons projetés vigoureusement et sainement, et un engagement dans l’interprétation (remarquable attaque piano du dernier couplet dans « Lakmé, ton doux regard se voile »). Le Frédéric de luxe de Jean-Luc Ballestra se situe également dans cette tradition du beau chant français, tandis que Valérie Debize (Ellen) est celle que l’on apprécie le plus parmi les rôles de second plan. Alain Guingal assure une direction musicale homogène, parfaitement classique, et sans surprises.

François Jestin

Delibes : LAKME : le 22 mars 2009 à l’Opéra de Nice