Arts-Scènes
Slogan du site

Cinéma Danse Expositions Musique Opéra Spectacles Théâtre

Nice : “Don Pasquale“

A Nice : L’œil est à la fête malgré les frustrations de l’oreille !

Article mis en ligne le février 2007
dernière modification le 15 juillet 2007

par François JESTIN

Après la faible production de “Norma“ en début de saison (cf SM 191), il y a du mieux sur la scène lyrique niçoise, même si la distribution vocale fait à nouveau aveu de faiblesses.

Le rôle-titre a pourtant été confié à une valeur sûre des barytons belcantistes actuels : le Français Marc Barrard, qui chante, dit et joue son Don Pasquale avec une joie visible, et un humour toujours bien senti. Mais un Don Pasquale, si bien-chantant et truculent soit-il, suffit-il à faire une bonne représentation ? Le spectateur, ne vient-il pas aussi écouter les arias langoureuses et lunaires d’Ernesto, ou encore la virtuosité piquante de Norina ? Hélas, très peu d’agilité belcantiste chez la jolie soprano Henrike Jacob, distribuée à contre-emploi en Norina : voix assez lourde, vocalises savonnées ou carrément escamotées, petit cheveu sur la langue, mais aigus poussés parfois en fin de phrases pour impressionner et obtenir les applaudissements du public, et apparemment… ça marche ! Son amoureux Ernesto, Otokar Klein, grand gaillard au physique de jeune premier est malheureusement un tenorino qui possède un tout petit filet de voix : dommage, car lorsque l’on tend l’oreille, la ligne vocale est plutôt élégante et bien conduite. La basse Marcin Bronikowski (Dottore Malatesta) est en revanche bien sonore et fait valoir une voix franche et saine (quelques petites réserves quand même sur ses aigus et sa souplesse vocale). La direction soignée de Sergio Monterisi donne une belle couleur donizettienne au spectacle, en alternant avec goût ralentis et accélérations, diminuendi et fortissimi, sans tomber dans les effets faciles.

Marc Barrard (Don Pasquale) et Henrike Jacob (Norina) © Alain Hanel

La mise en scène de Claire Servais est un modèle de simplicité et efficacité. Toujours somptueusement éclairé (par Olivier Wery), le décor unique figure le patio d’une riche demeure italienne, avec escalier débouchant sur un balcon, ce dispositif pouvant être utilisé aussi bien en intérieur dans les appartements de Don Pasquale, qu’en extérieur pour la scène du jardin. Les chœurs et figurants participent à l’effervescence générale, le plateau étant particulièrement animé et vivant en fin de 1er acte et début du 2ème. En prélude se déroulent également , en avant-scène avec rideau tiré, de petites saynètes avec d’aimables clins d’œil à “Faust” ou au “Chevalier à la Rose”. L’œil est décidément à la fête et les frustrations de l’oreille sont presque oubliées !

François Jestin

Donizetti : DON PASQUALE : le 26 novembre 2006 à l’Opéra de Nice