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A l’Opéra de Monte-Carlo
Monte-Carlo : “La Rondine“

Passage à Monte-Carlo de la belle production de Nicolas Joël.

Article mis en ligne le février 2007
dernière modification le 15 juillet 2007

par François JESTIN

Après sa création à Londres (2002), puis ses reprises à Toulouse et au Châtelet en 2005, la belle production de Nicolas Joël se pose pour deux soirées à Monte-Carlo, lieu de sa création en 1917, avant de s’envoler vers les Etats-Unis.

Le sujet de “la Rondine” en fait une œuvre à part dans la composition lyrique de Puccini : le librettiste n’a en effet pas prévu cette fois de meurtre, tuberculose ou autre suicide final, mais déroule son intrigue plus tranquille, des amours parfois contrariées de Magda dans le Paris du Second Empire, l’action étant déplacée sur la Côte d’Azur au 3ème acte.

La Rondine - Acte II © Opéra de Monte-Carlo - Stefan Flament

Beaucoup de conversations de salon (actes 1et 3) peuvent alors rappeler les ambiances à huis-clos des opéras de Richard Strauss (“Capriccio”, “Arabella”, ou même “Rosenkavalier”), alors que le 2ème acte est criant de ressemblance avec celui de “la Bohème”, le café Bullier remplaçant ici le café Momus. Même si, pour ce 2ème acte en particulier, l’espace est compté sur la scène de la salle Garnier, tout fonctionne admirablement, tant dans le jeu des solistes, que dans le réglage des masses des choristes et figurants. Les riches décors Art nouveau (Ezio Frigerio) et costumes (Franca Squarciapino) sont également soignés et d’une rare élégance, surtout dans le choix harmonieux des couleurs. Même si le ressort dramatique n’est pas au niveau des habituelles “Tosca”, “Turandot” ou “Butterfly”, la musique de Puccini est bien au rendez-vous, et respire amplement sous la baguette précise et dynamique de Enrique Mazzola. La soprano Veronica Villaroel (Magda), annoncée souffrante avant le lever de rideau, est pourtant celle qui fait valoir le plus gros volume ; avec un timbre qui évoque d’emblée Butterfly, et malgré une saturation évidente de son aigu, elle vit son personnage, et communique l’émotion, en crescendo jusqu’au final. Ses partenaires sont un petit ton en dessous, à commencer par le ténor Giuseppe Gipali (Ruggero), qui n’a pas vraiment sur scène l’allure du séducteur irrésistible, pourtant exigée par le rôle, et que l’on a déjà entendu beaucoup plus à l’aise dans des emplois plus vaillants ou guerriers (difficile il est vrai de passer après Tito Schipa et Beniamino Gigli, qui ont défendu ce rôle ici-même en 1917 et 1920 !). L’autre ténor Javier Palacios (Prunier) est juste mais mince vocalement, avec quelques curieuses fins de phrases larmoyantes, et d’un volume réduit également la Lisette de la pétulante soprano Iride Martinez – seuls ses suraigus sont bien sonores – tandis que la basse Enzo Capuano (Rambaldo Fernandez) est solide, mais semble usée en raison de son fort vibrato.
Ces petites faiblesses ne sont finalement pas trop handicapantes, et cette production, qui dégage une impression d’ensemble d’une rare élégance, est probablement le mieux que l’on puisse faire pour défendre l’œuvre.

François Jestin

Puccini : LA RONDINE : le 24 novembre 2006 à l’Opéra de Monte-Carlo – Salle Garnier