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Opéra de Marseille
Marseille : “Manon“

Une nouvelle production de Manon termine le mandat de Renée Auphan.

Article mis en ligne le juillet 2008
dernière modification le 31 juillet 2008

par François JESTIN

Renée Auphan termine en beauté son mandat de 6 ans à la Direction Générale de l’Opéra de Marseille, en signant cette nouvelle production de Manon.

Ainsi, « la boucle est bouclée » comme l’indique Renée Auphan, qui commença à l’âge de 19 ans sa riche et brillante carrière lyrique, à Marseille avec une Manon justement, réalisée par Louis Ducreux, à qui sont dédiées ces représentations. La mise en scène, co-signée par Yves Coudray, démarre avec un plateau très dépouillé, quelques tables et chaises qui figurent le relais du poste d’Amiens. C’est dans une ambiance très sensuelle que s’ouvre ensuite l’acte II, sans doute le plus réussi : Manon et Des Grieux sont enlacés sur un grand lit à jardin. La décoration et le mobilier ne sont ni chargés, ni kitsch (les décors sont de Jacques Gabel), et Manon chantera son
« Adieu, notre petite table » toujours allongée sur le lit.

« Manon », avec Roberto Sacca (le Chevalier Des Grieux) et Ermonela Jaho (Manon)
© Christian Dresse

Le symbolisme culmine au tableau du Cours-la-Reine, avec des arbres dessinés à grands coups de crayon, mais ce parti pris est curieusement abandonné pour les scènes et actes suivants : de belles arcades pour Saint-Sulpice, un classique salon rouge pour l’Hôtel de Transylvanie, puis enfin un plateau presque nu pour le Port du Havre, et un ciel gris menaçant en toile de fond.
Dans de très beaux costumes XVIII ème conçus par Katia Duflot, le jeu des acteurs passe naturellement, et le couple Manon – Des Grieux est d’une belle allure juvénile. Il s’agit d’une prise de rôle pour chacun, et la performance vocale en est d’autant plus remarquable : la soprano albanaise Ermonela Jaho montre toutes les facettes du personnage, et passe de la jeune fille naïve filant subtilement ses piani à la courtisane poussant ses aigus puissants et souverains.
Le ténor Roberto Sacca possède un timbre riche et plutôt ensoleillé pour un Des Grieux. Le français chanté par ces deux artistes est assez remarquable, mais les passages parlés peuvent être améliorés. Le baryton Jean-Luc Chaignaud (Lescaut) est malheureusement toujours aussi poussif qu’à Bastille il y a quelques années dans ce même rôle, alors que la basse Alain Vernhes est très certainement l’un des meilleurs titulaires du Comte Des Grieux. Très bien également sont le ténor de caractère Christian Jean (Guillot de Morfontaine) et le baryton André Heyboer (De Brétigny).

Le chef d’orchestre Cyril Diederich, valeureux défenseur du répertoire français, assure la direction plutôt rapide – mis à part un fort ralentissement du ballet du Cours-la-Reine – d’une partition plus complète que d’ordinaire, incluant une ouverture de l’acte III, et quelques mesures rarement entendues. Les musiciens s’appliquent énormément, et le résultat est souvent somptueux, en guise de cadeau d’adieu à la patronne. Mais il ne s’agit vraisemblablement que d’un « au revoir », Renée Auphan devant conserver certaines fonctions « restant à définir », ceci pour le plus grand bonheur des artistes et des spectateurs.

François Jestin

Massenet : MANON : le 2 mai 2008 à l’Opéra de Marseille