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Opéra de Lausane
Lausanne : “L’Enfant et les Sortilèges“

L’Enfant et les Sortilèges de Ravel sera présenté à Lausanne en version de chambre. Entretien avec Didier Puntos, son “concepteur“.

Article mis en ligne le avril 2010
dernière modification le 23 mai 2010

par Isabelle VON HILDEBRAND

Au mois d’avril, Didier Puntos présentera sa version de chambre de l’opéra de Maurice Ravel, L’Enfant et les Sortilèges. Ce pianiste, compositeur et chef de chœur a ramené l’œuvre à son essence la plus pure, ne conservant que deux pianos, une flûte et un violoncelle pour tout accompagnement. Un pari risqué ? Nullement, à en croire le succès remporté par les 250 représentations déjà données dans le monde entier depuis sa création en 1986. Entretien.

Didier Puntos, direction musicale

Comment est née cette version de chambre de L’Enfant et les Sortilèges ?
A l’époque, j’étais chef de chant à l’Atelier d’Interprétation vocale et dramatique de l’Opéra de Lyon, dirigé par le ténor suisse Eric Tappy. Nous avions le projet de monter L’Enfant et les Sortilèges avec la promotion annuelle des huit chanteurs, sauf que nous ne disposions pas de ressources financières pour nous offrir un orchestre. Après nous être immergés dans la partition pendant des mois, j’ai proposé de m’atteler à la transposition de l’œuvre.

Comment avez-vous choisi les instruments que vous désiriez conserver dans la version de chambre ?
Je ne voulais pas d’une transposition pour deux pianos uniquement car je considère que le cœur de l’ouvrage réside dans la scène de la Princesse, lorsque l’orchestre s’interrompt pour laisser place à la voix, accompagnée d’une flûte. Je voulais conserver cet élément et référencer le projet de transposition à Maurice Ravel. Je me suis ainsi inspiré de Ma Mère l’Oie, œuvre pour deux pianos, et des Chansons Madécasses, écrites pour voix, flûte, violoncelle et piano. En croisant les deux ouvrages, j’ai obtenu la version retenue pour Les Sortilèges. Et si je conservais un souffleur aigu, il fallait logiquement une corde basse pour donner un effet de complétude.

Votre version compte plus de 250 représentations données dans le monde entier. Comment expliquez-vous ce succès ?
La version de chambre respecte sans doute mieux la proportion entre l’enveloppe sonore et la dimension intimiste du livre de Colette, qui relate l’initiation d’un enfant au monde adulte. J’ai toujours été frappé par les moyens colossaux développés par l’orchestre dans la version originale de Maurice Ravel. La mise en scène du célèbre binôme Patrice Caurier et Mosche Leiser a également beaucoup contribué à diffuser ma version, grâce à une grande cohérence entre le plateau, la mise en scène et le travail musical. Ce sont sans doute l’ensemble de ces éléments qui pérennisent cette version.

« L’Enfant et les Sortilèges »
© Marc Vanappelghem

En tant que dirigeant et interprète, comment envisagez-vous le travail musical ?
J’ai envie d’amener les chanteurs à une logique de musique de chambre. Cette formule nécessite que nous partagions tous la même compréhension musicale, dont je suis le garant. La partition présente des particularités pour les chanteurs car les rôles des solistes sont très courts, avec un maximum de sept minutes pour l’air de la Princesse. Chaque soliste interprètera plusieurs rôles : le défi consistera à passer du solo, au duo, à l’ensemble vocal tout en conservant une pâte musicale homogène.

L’Opéra de Lausanne propose une fois par saison un opéra destiné au jeune public. Pensez-vous que L’Enfant et les Sortilèges soit un opéra pour enfant ?
Non, ce serait une erreur de le considérer uniquement ainsi. Je dirai qu’il s’agit d’un spectacle tout public, auquel les enfants sont bienvenus. Il existe plusieurs lectures de cet opéra qui traite des peurs et des interrogations d’un enfant. En raison de sa thématique et de sa brièveté (moins de cinquante minutes de musique), L’Enfant et les Sortilèges présente un format idéal pour le jeune public.

Isabelle von Hildebrand

Représentations les 16, 17, 18 et 21 avril 2010 à la salle Métropole.
Prix des places de 10 CHF à 30 CHF. Informations : www.opera-lausanne.ch.