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Grnd Théâtre de Genève
Entretien : Malin Byström

Malin Byström, nouvelle Hélène

Article mis en ligne le 1er mai 2011
dernière modification le 26 août 2014

par Anouk MOLENDIJK

La jeune soprano suédoise sera, pour la première fois, l’Hélène des Vêpres Siciliennes de Verdi sur la scène de Neuve au mois de mai, sous la direction d’Yves Abel et mise en scène par Christof Loy. Elle s’exprime sur ses particularités vocales et psychologiques, et sur son travail avec le metteur en scène.

Des Vêpres Françaises
A la sortie d’une répétition, Malin Byström, jeune soprano suédoise, qui incarnera le rôle d’Hélène dans les Vêpres Siciliennes de Verdi, se prête au jeu de l’interview. Elle s’exprime dans un français plus que correct, de temps à autre ponctué de précisions en anglais : elle a appris le français à l’école vers l’âge de douze ans ! Elle a d’ailleurs chanté en français des rôles comme Manon, Thaïs, Marguerite et, ce qui est plus surprenant, une Hanna Glawari de La Veuve Joyeuse ! Ce n’est donc pas une difficulté pour elle que de se plier à la diction des Vêpres Siciliennes, données au Grand Théâtre dans leur version française. Elle évoque tout de même les particularités de notre langue, souvent si redoutée par les chanteurs : « Il est vrai que le français n’est pas toujours très évident, car il alterne entre des voyelles ouvertes et fermées, contrairement à l’italien qui est une langue qui se projette plus facilement. Je trouve que la langue française rend Les Vêpres Siciliennes moins dramatiques que l’italien ; elle donne l’impression que la musique est plus lyrique et légère ».

Hélène, ou le parcours de la femme politique à l’amoureuse
Malin Byström y aborde le très long rôle d’Hélène, Autrichienne qui vit en Sicile et défend la cause de ses habitants, dominés par les Français. « C’est une femme très forte, qui s’engage pour son peuple. Dans le premier acte, elle chante pour les Siciliens, et réanime leur désir de rébellion. C’est un personnage très actif et décidé. Dans la mise en scène de Christof Loy, elle porte des vêtements d’homme, ceux de son frère tué par les Français, pour prendre la place de ce dernier, dont elle porte le deuil. Elle porte en elle ce passé et un ressentiment constant à l’égard des envahisseurs. Lorsqu’un de ses partisans, Henri, lui déclare son amour, elle s’en étonne, mais lui promet le sien. Puis Henri découvre que son père qu’il n’avait pas connu (Montfort) est Français : il arrête donc Hélène qui veut tuer Montfort, son ennemi, suscitant dès lors la haine de l’héroïne. C’est une femme entière dans ses émotions. Elle devient de plus en plus fragile au cours de l’opéra, et au dernier acte, lorsque son mariage avec Henri échoue à cause de l’insurrection, elle est dévastée  ».

Malin Byström
© Peter Knutson

Alors que beaucoup de rôles comportent des parties chantées qui vont du plus léger au plus dramatique, le rôle d’Hélène fonctionne exactement à l’inverse, ce qui tend à rejoindre la courbe suivie par l’action : « Le premier acte demande à la voix des graves très solides et puissants, la partition est des plus dramatique. Au quatrième, il faut être capable de beaucoup de finesse dans les nuances, et à la toute fin, il y a un air très léger, coloratur. C’est très surprenant de trouver cette évolution-là, qui s’avère extrêmement fatigante ! Hélène suit un parcours qui la fait passer de la femme publique, politique, à l’amoureuse fragilisée. Avec ce parcours vocal, Verdi a trouvé quelque chose d’assez original, la norme étant plutôt d’aller du léger au dramatique, comme dans la Traviata ».

Approche scénique
A propos de sa collaboration avec le metteur en scène Christof Loy, Malin Byström s’exprime avec beaucoup d’enthousiasme, ayant déjà travaillé avec lui sur un Faust : « Avec Christof, on discute toujours beaucoup. Il est très à l’écoute des chanteurs, et prend ce que je peux transmettre pour travailler sur le personnage. Il a beaucoup d’idées, et est très flexible. Cette production des Vêpres Siciliennes a été créée à Amsterdam, mais il n’essaie pas de plaquer sur moi le travail qu’il avait fait avec la soprano précédente. Il renouvelle son approche, s’adapte aux personnes, et veut encore plus creuser l’œuvre pour améliorer sa lecture. C’est très agréable de travailler avec lui, et aussi très intense ! Il veut transmettre de la douceur dans le personnage d’Hélène, alors que je l’imaginais toujours très forte ». Parmi ses projets, on relève ses débuts à Salzburg en Donna Anna, autre femme de caractère, et rôle dans lequel elle s’était déjà illustrée sous la direction de René Jacobs.

Anouk Molendijk

« Les Vêpres Siciliennes », de Giuseppe Verdi, dirigé par Yves Abel, mise en scène de Christof Loy, avec Malin Byström, Tassis Christoyannis, Fabrice Farina, Christophe Fel, Hubert Francis, Vladimir Iliev, Sami Luttinen, Fernando Portari, Balint Szabo, Clémence Tilquin. Du 04 au 19 mai au Grand Théâtre de Genève. Réservations sur www.geneveopera.ch, et au +41 22 418 31 30.